CAUE : les femmes à l’honneur

Après avoir reçu l’exposition du 10e Prix Philippe Rotthier, le CAUE Rhône Métropole présente les lauréates des trois premières éditions du Prix Femmes Architectes de l’Association pour la recherche sur la ville et l’habitat (l’ARVHA). 

Bien que 55% des étudiants en architecture soient des femmes, elles ne représentent aujourd’hui que 10% des architectes inscrits à l’ordre. Si leur situation s’améliore (lentement mais sûrement), les inégalités avec leurs confrères masculins demeurent présentes. Les femmes architectes souffrent en outre d’un manque de reconnaissance par leurs pairs : seules deux d’entre elles ont remporté le prix Pritzker, la récompense ultime de l’architecture (Zaha Hadid -décédée récemment, à laquelle l’exposition aurait pu être dédiée- et Kazuyo Sejima de l’agence SANAA). Lancé en 2013 pour mettre en valeur la carrière et les œuvres de femmes architectes, le prix de l’ARVHA distingue chaque année quatre personnalités dans trois catégories (femme architecte, jeune femme architecte et œuvre originale de l’année). Intention louable à priori, certains trouveront que ce prix trouve ses limites en créant à son tour une situation discriminante.

Le prix récompense des femmes venues de tous horizons (une architecte en chef des monuments historiques, Christiane Schmuckle-Mollard -en charge notamment des travaux de la cathédrale de Strasbourg, du château de Sucy-en-Brie et de la closerie Falbala de Jean Dubuffet  à Périgny- a même été récompensée) et de toutes générations, des plus jeunes avec le prix qui leur est dédié aux plus emblématiques comme Renée Gailhoustet, 86 ans, célèbre pour ses réalisations en banlieue parisienne (notamment la tour d’habitation Raspail à Ivry-sur-Seine, labellisée patrimoine du XXe siècle).

Après Odile Decq en 2013 (FRAC Bretagne à Rennes, MACRO à Rome, restaurant du Palais Garnier…) et Manuelle Gautrand en 2014 (restructuration de la Gaîté Lyrique, immeuble Citroën des Champs-Elysées, extension du LAM à Villeneuve d’Ascq…), deux architectes par ailleurs étroitement liées à Lyon : la première a signé le siège social de GL events et projette d’ouvrir une école d’architecture dans le quartier de la Confluence, la seconde y est née et a réalisé l’emblématique passerelle « des quatre vents » à Fourvière et un immeuble de bureaux « le Monolithe » le long de la Darse de Confluence, Corinne Vezzoni a remporté le prix Femmes architectes en 2015. Diplômée de l’école d’architecture de Marseille, à la tête de sa propre agence depuis 2010 créée avec Pascal Laporte, on lui doit -entre autres- la conception du centre de conservation et de ressources du Mucem à Marseille (photo), de la bibliothèque et des archives départementales des Bouches-du-Rhône…

Si sur le papier, l’exposition s’annonce des plus captivantes, elle s’avère décevante en vrai : une trentaine de panneaux mobiles en tout et pour tout installés en arc de cercle présentent quatre à cinq projets de chaque architecte avec photographies officielles (ni dessins, ni maquettes, ni propos rapportés) et mention des mécènes omniprésente. Que ceux qui ne peuvent se déplacer se consolent, le site du Prix présentent autant -sinon plus- d’informations > femmes-archi.org


Exposition Femmes architectes, prix 2013, 2014, 2015, du 12 avril au 14 mai 2016, CAUE Rhône Métropole, 6bis quai Saint-Vincent, Lyon 1e – entrée libre.


Image à la une : Corinne Vezzoni et associés, Centre de Conservation et de Ressources du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) © Photo : David Huguenin/Vezzoni et associés. Courtoisie du CAUE