Résidence de Camille Juthier

Résidence de Camille Juthier, 14 janvier-31 mars 2019, L’attrape-couleurs, Lyon

Coordination générale.

 

« J’ai tenté de matérialiser des phénomènes invisibles pour redonner accès à une écoute sensible du vivant.

Comment sommes nous reliés à l’environnement dans lequel nous vivons ? Comment les plantes, l’eau ou les produits chimiques influencent nos modes de vie ? Comment se ressaisir des processus qui ont cours autour de nous sans que nous les voyions, sans que nous les sentions, afin d’entrer dans des relations plus profondes avec la matière qui nous anime et nous entoure ?

Je voulais m’intéresser à la végétation qui jouxte L’attrape-couleurs. Au plein cœur de l’hiver mon attention a vite été portée sur l’arum d’Italie, une plante qui résiste au gel et que l’on trouve en grande quantité autour du centre d’art.

J’en ai récolté et j’ai commencé à tenter de conserver les feuilles dans du plastique, comme un herbier mais avec un nouveau principe de conservation, c’est-à-dire sans séchage, laissant ainsi les plantes évoluer et entrer dans un processus de décomposition jusqu’à leur disparition. Leur devenir transparent. Comme les naturalistes, et les botanistes avant moi, je fus confrontée à un paradoxe : toute tentative de conservation engage une destruction. Puis j’ai découvert que toutes les parties de cette plante sont hautement toxiques mais qu’en suivant une recette de décoction précise, on peut en manger les tubercules et obtenir un remède anti-inflammatoire contre la toux et l’arthrose. C’est cette ambivalence qui m’a intéressé et que j’ai essayé de condenser dans ce dispositif confrontant des matières plastiques et végétales dont les temps de dégradation sont différents. » Camille Juthier

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