Sylvain Ciavaldini : la forme et l’informe

Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Sator, l’artiste Sylvain Ciavaldini présente un ensemble de nouveaux travaux : peintures, dessins et sculptures, tous réalisés en 2014. Visite : 

L’exposition Tentatives, métaphores et autres disgressions, présentée jusqu’au 4 avril, rassemble un ensemble de questionnements de l’artiste, dans la veine de ses travaux plus anciens, sur la forme et sur deux systèmes à priori opposés : l’un très raisonné, pensé, tracé, l’autre beaucoup plus libre. L’artiste s’est emparé d’héliogravures des années 1950-60 figurant des édifices majeurs de France (la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’hôtel Jacques Coeur à Bourges, le château de Blois…), des documents pédagogiques servant initialement à enseigner aux écoliers d’après-guerre les richesses du patrimoine architectural national.

L’artiste superpose à ces représentations, au moyen de peinture aux couleurs vives (rose, vert, bleu, rouge), des excroissances aux formes très libres tout droit sorties de son imagination, pouvant évoquer tout à la fois le monde animal, végétal ou scientifique : tubercules, tentacules, cellules vues au microscope… Avec ce qu’il faut d’humour, notamment dans le décalage créé entre l’architecture et ces formes et par le titre des oeuvres (« le palais du Louvre dégouline de plaisir », « la cathédrale d’Albi pleine de désir »), Sylvain Ciavaldini apporte à ces documents d’un autre temps une part de lui, une dose de sensibilité.

Vue de l'exposition Tentatives, métaphores et autres disgressions, galerie Sator, mars 2015. Au premier plan : La cathédrale de Strasbourg submergée par l'émotion (2014)
Vue de l’exposition Tentatives, métaphores et autres disgressions, galerie Sator, mars 2015. Au premier plan : La cathédrale de Strasbourg submergée par l’émotion (2014)

À partir de ces représentations, il en a tiré une série de sculptures en trois dimensions réalisés en bois, carton et résine disséminées dans l’espace de la galerie. Le contraste de couleurs, de formes y apparaît plus évident encore. Le passage à la troisième dimension permet d’envisager, à la manière d’un projet d’architecte ou d’artiste (on pense à Yona Friedman ou Alain Bublex), les possibilités d’une utopie. Ne pourrait-on pas imaginer l’espace d’une seconde ces projets concrétisés ?

À l’inverse, pour les dessins et les peintures présentées dans l’exposition, en même temps qu’au salon du dessin contemporain Drawing Now (25-29 mars, Carreau du Temple, stand E1), Sylvain Ciavaldini part de la forme libre, en l’occurrence des photographies de végétaux réalisées en Asie du Sud-Est qu’il a minutieusement et librement transposé au rotring sur le papier. Au moyen de peinture (de l’encre rabattue avec du blanc, sa marque de fabrique), l’artiste crée un réseau de lignes et de formes géométriques qui viennent structurer l’ensemble. Comme au temple d’Angkor Wat pour ne citer que celui-là, l’architecture et la végétation ne font plus qu’un.

Au fil de l’exposition les contrastes de couleurs, de formes, d’échelles, le rapport entre le réel et la fiction, la raison et l’instinct finissent par devenir complémentaires. On ressort de l’exposition de Sylvain Ciavaldini, le sourire aux lèvres et tout comme le titre d’une héliogravure le suggère « rempli de bonheur ». Soulignons qu’un catalogue d’exposition, édité avec l’aide du conseil général des Bouches-du-Rhône, disponible à la galerie (15€), permet de prolonger sa visite.


Sylvain Ciavaldini, Tentatives, métaphores et autres disgressions, jusqu’au 4 avril, galerie Sator, 8 passage des Gravilliers, Paris – entrée libre. Drawing Now, du 25 au 29 mars, Le Carreau du Temple, Paris – 16€/9€.