Exposition-dossier David Wolle, L’instar, 8 septembre-22 octobre 2016, URDLA, Villeurbanne
Rédaction du texte. Médiation.
« Chaque année, l’URDLA sélectionne et invite dix à douze artistes d’horizons différents à s’emparer des techniques de l’estampe. En relation avec les trois lithographies réalisées à l’URDLA au cours de l’été, Le leurre, Le biais et L’attente, David Wolle présente un accrochage d’œuvres récentes mêlant des peintures à l’huile sur toile de différents formats et un dessin au fusain sur papier éclairant sa pratique.
En préalable à la peinture, qui constitue son médium de prédilection, David Wolle élabore à la main des assemblages de matériaux et d’objets hétéroclites (pâte à modeler, plâtre, argile, perles…), des « bricolages » selon ses propres mots, photographiés avant d’être transposés sur toile. Ses compositions visuelles, difficilement nommables ou même identifiables – sans pour autant être abstraites -, échappent à toute tentative de définition (« j’aime rendre la description difficile et complexe » confie David Wolle), leur titre ne permet pas plus d’en cerner le sens : « Eatocoïde », « E sideram Pan », « Fernand d’être ». « À un moment donné, j’ai utilisé des sortes de petits logiciels à base de chaîne de Markov qui malaxent le langage [… et créent] des mots aussi abstraits que le dessin ou la peinture elle-même » explique l’artiste.
Les couleurs acidulées et les formes peintes par David Wolle peuvent générer des interprétations diverses selon chacun : des « grottes », des « guimauves », des « viscères»… L’aspect relativement séduisant de ses œuvres, à première vue, s’efface au fur et à mesure qu’on les observe pour laisser place à un sentiment mêlé d’attraction et de répulsion dû à leur « inquiétante étrangeté ».
La question de la vanité se pose dans le travail de David Wolle : ses peintures empruntent leur forme à la nature morte et figurent un modèle ayant existé à un instant t révolu (la « maquette » de travail détruite avant l’exposition ne permet aucune comparaison entre l’original et la copie). À la simplicité de la mise en œuvre et en volumes de ces « maquettes », répond la haute technicité de la peinture à l’huile : sans chercher un réalisme d’ordre photographique, l’artiste déploie un éventail de techniques pour obtenir la qualité de pâte recherchée. David Wolle aime faire cohabiter sur une même surface différentes factures comme dans Eatocoïde où les traces des outils, pince et brosse, contrastent avec la douceur du fond. La peinture s’affirme comme matière. À l’instar de [pour reprendre le titre de l’accrochage] ses œuvres sur papier, comme Saynète, où se superposent dessin au fusain et peinture à l’huile, David Wolle, en résidence à l’URDLA en juillet 2016, a repris et inversé sur la pierre calcaire lithographique deux manières de « faire », en plus de les associer sur un seul plan : la part dévolue à la peinture est traitée au crayon, la part destinée au dessin réalisée au pinceau. Des nuances de bleu carbone qui incarnaient pour l’artiste l’idée du multiple se sont substituées au noir du fusain. »