David Wolle à l’URDLA

*Tout à la fois centre d’art contemporain, maison d’édition et galerie commerciale, l’URDLA à Villeurbanne sélectionne et invite chaque année une douzaine d’artistes à s’emparer des techniques dites « traditionnelles » de l’estampe (taille d’épargne, taille-douce, lithographie). Faisant suite à une résidence de David Wolle, le lieu présente un petit accrochage d’œuvres récentes de l’artiste, offrant un aperçu représentatif de son travail.

David Wolle est né en 1969, il vit et travaille à Villefranche-sur-Saône. Ses œuvres ont fait l’objet de diverses expositions personnelles et collectives (Centre d’arts plastiques de Saint-Fons, FRAC Languedoc-Roussillon, musée Paul Dini…). Il est représenté par les galeries Bernard Ceysson (Paris, Saint-Étienne, Genève, Luxembourg) et Vasistas (Montpellier).

Autour des trois lithographies dessinées et imprimées par l’artiste au cours de l’été dans les ateliers, et éditées par l’URDLA, se déploient quelques peintures à l’huile sur toile et un dessin au fusain sur papier, éclairant sa pratique. En préalable à la peinture, qui constitue son médium de prédilection, David Wolle élabore à la main des assemblages de matériaux et d’objets hétéroclites (pâte à modeler, argile, plâtre, perles…), des « bricolages » selon ses propres mots, photographiés avant d’être transposés sur toile. La question de la vanité se pose : ses peintures empruntent à la fois leur forme à la nature morte et figurent un modèle ayant existé à un instant t (la « maquette » de travail détruite avant l’exposition ne permet aucune comparaison entre l’original et la copie). À la simplicité de la mise en œuvre et en volumes de ces compositions, répond la haute technicité de la peinture à l’huile : sans chercher un réalisme d’ordre photographique, l’artiste déploie un éventail de techniques pour obtenir la qualité de pâte recherchée.

David Wolle aime faire cohabiter sur une même surface différentes factures comme dans Eatocoïde (image à la une) où les traces des outils employés, pinceau et brosse, contrastent avec la douceur du fond. La peinture s’affirme comme matière. À l’instar de [pour reprendre le titre de l’accrochage] ses dernières œuvres sur papier où se superposent dessin au fusain et peinture à l’huile, David Wolle, en résidence à l’URDLA, a repris et inversé sur la pierre calcaire lithographique deux manières de « faire » : la part dévolue à la peinture est traitée au crayon, la part destinée au dessin réalisée au pinceau.

Détail de la lithographie Le leurre, de David Wolle, éditée et exposée à l’URDLA

Ses compositions visuelles, difficilement nommables ou même identifiables – sans pour autant être abstraites –, échappent à toute tentative de définition (« j’aime rendre la description difficile et complexe » confiait David Wolle lors d’une rencontre avec le public organisée à l’URDLA), leur titre ne permet pas plus d’en cerner le sens : « Eatocoïde », « E sideram Pan », « Fernand d’être »… « À un moment donné, j’ai utilisé des sortes de petits logiciels à base de chaîne de Markov qui malaxent le langage [et créent] des mots aussi abstraits que le dessin ou la peinture elle-même » explique-t-il.

Les formes et les textures peintes par David Wolle peuvent générer des interprétations diverses : « grottes », « guimauves », « viscères », selon les publics… L’aspect séduisant de ses œuvres s’efface au fur et à mesure qu’on les observe pour laisser place à une forme d’« inquiétante étrangeté », soit un sentiment mêlé d’attraction et de répulsion.


Exposition David Wolle, L’instar, du 8 septembre au 22 octobre 2016, URDLA – centre international estampe & livre, 207 rue Francis-de-Pressensé, Villeurbanne – entrée libre.


*une première version de ce texte accompagne l’accrochage de David Wolle à l’URDLA