Exposition inaugurale du musée des Confluences, plusieurs fois prolongée « face à son succès », Dans la chambre des merveilles invite à remonter dans le temps, à la découverte des cabinets de curiosités.
Héritier direct de collections constituées depuis la Renaissance jusqu’à la fin du XXe siècle (par les frères Monconys -Balthasar de Monconys et Gaspard de Liergues-, ou Emile Guimet pour ne citer que ces deux là), le musée des Confluences conserve dans sa présentation, amélioré et actualisé, l’esprit des cabinets de curiosités. Organisé en quatre thématiques distinctes (les récits du monde, la maille du vivant, le théâtre des hommes et visions de l’au-delà), le parcours permanent mêle -avec un savant dosage- des produits du génie humain (les « artificialia ») avec des créations de la nature (les « naturalia »).
L’exposition tente de restituer l’ambiance générique des collections d’autrefois (constituées aux quatre coins de l’Europe, de Lisbonne à Prague, de Naples à Copenhague), au travers d’une vaste sélection d’objets choisis parmi les plus de 2,2 millions qui constituent le fonds du musée et d’une scénographie spectaculaire -trop présente par moments- qui trouve son point d’orgue dans la dernière salle avec la reconstitution évocatrice d’un cabinet de curiosités. L’accrochage revient également sur la genèse du musée avant son installation à la pointe de la confluence. Plusieurs dates clés sont à retenir :
1772 : legs à la ville de Lyon de la collection des frères des Monconys constituée à partir de 1623 rachetée et enrichie par Jérôme-Jean Pestalozzi. Un cabinet d’histoire naturelle ouvre en 1777 au sein de l’hôtel de ville
1793 : dispersion de la collection avec la Révolution. Transfert des objets conservés au palais Saint-Pierre
XIXe siècle : accroissement rapide de la collection, elle rencontre un fort succès critique et public
1879 : création d’un musée par Emile Guimet pour abriter ses collections asiatiques (en 1883, faute de visiteurs, celles-ci sont transférées à Paris dans l’actuel musée national des arts asiatiques Guimet)
1909 : la ville de Lyon rachète le bâtiment pour y transférer les collection du musée d’histoire naturelle. Emile Guimet accepte de déposer près de 3000 objets de sa collection
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les collections sont réajustées (une partie des fonds est notamment transférée au musée gallo-romain de Lyon et au Centre d’histoire de la résistance et de la déportation, le musée colonial ferme ses portes…). En 1978, le musée Guimet et le museum d’histoire naturelle fusionnent. Fin 2014, ouvre le musée des Confluences.
Squelette de chat siamois, empreintes fossiles, pierres de foudre, agneau à deux têtes… témoignent dans l’exposition de la fascination des collectionneurs pour le mystérieux ou l’insolite. Les ensembles réunis sont prétextes à l’évasion ou à la rêverie : une dent de nerval devient par la force de l’imagination une corne de licorne, un lézard « se transforme » en dragon… Face à la quête de sensationnalisme, certains marchands ou acheteurs ont même recours à la supercherie. Progressivement, les collections ne sont plus seulement envisagées comme une stimulation de l’œil mais aussi de l’esprit : l’appréciation esthétique fait place à l’étude scientifique. En privilégiant l’aspect purement visuel (reléguant la réflexion dans le catalogue édité à l’occasion) au travers d’une scénographie spectaculaire et le choix d’objets tous plus beaux les uns que les autres, l’exposition plonge adultes et enfants dans un environnement enchanteur dont on sort à regret. Dépaysement garanti !
Exposition Dans la chambre des merveilles, du 20 décembre 2014 au 31 juillet 2016 (après prolongations), musée des Confluences, 86 quai Perrache, Lyon 2e – entrée : 9€/5€/0€.
Image à la une : vue de l’exposition Dans la chambre des merveilles (détail), musée des Confluences © Photo : Olivier Garcin. Courtoisie du musée