Après avoir collaboré avec les écoles d’art de Bourges et de Saint-Étienne (en attendant un partenariat prochain avec l’ENSBA de Lyon ?), l’URDLA à Villeurbanne a accueilli pendant quatre jours huit étudiants en master 1 gravure de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles (l’Arba-Esa) dans ses ateliers. Six français, un italien et un belge : Kevin Britte, Valentin Capony, Edoardo Cucciarelli, Blandine Cuisin, Marion Duquesne, Daphné Gozlan, Sylvain Konyali et Lucas Roman, sélectionnés sur dossier par deux de leurs professeurs et l’équipe de l’URDLA.
Le workshop fait l’objet d’une restitution sous forme d’exposition. Celle-ci rassemble les travaux réalisés entre les murs avec des œuvres antérieures de chacun ; elle illustre la richesse et la diversité des techniques mises à la disposition des artistes : linogravure, eau-forte, aquatinte, monotype, sérigraphie, lithographie… En quatre jours seulement, les artistes ont dû réaliser leurs matrices, imprimer et préparer l’accrochage, une « urgence » qui fort heureusement ne transparaît pas dans l’exposition. Les travaux présentés témoignent d’une maîtrise certaine des techniques traditionnelles de l’estampe acquises au fil de leur parcours et du master 1 gravure à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles dont ils sont issus.
Hyperréalisme, minimalisme, art conceptuel, figuration, abstraction lyrique ou géométrique… -reflets des principaux courants actuels de l’art contemporain- font bon ménage. Au-delà de leurs différences, une relative harmonie de nuances de blancs, de gris et de noirs, pouvant s’expliquer par le manque de temps pour mettre en œuvre des techniques de gravures en couleurs, règne dans l’exposition. La gravure n’est plus seulement envisagée par ces jeunes artistes comme un moyen de (re)production en plusieurs exemplaires. En intervenant sur les supports même de la gravure, la plaque ou le papier, certains d’entre eux créent ainsi des œuvres uniques. L’inventivité prime. Bref focus sur les réalisations de trois d’entre eux.
Dans l’entrée, Kevin Britte présente une prolifération de feuilles de renouée découpées dans du papier (ondoyant avec le mouvement des visiteurs) rehaussées de nervures à l’encre ainsi que trois feuilles sur lesquelles sont imprimées la surface d’une plaque de zinc recouverte d’une couche de vernis liquide ayant été plongée dans l’eau. Le résultat provoqué par l’action des fluides sur la matière encore fraîche évoque tout à la fois les marbrures d’un livre ou les frottages surréalistes.
Daphné Gozlan montre elle une série de travaux réalisés à partir des archives de l’URDLA (du fonds ancien de pierres lithographiques notamment) sous forme de planches imitant l’architecture d’un livre et une série de trois diptyques associant à chaque fois deux détails d’une reproduction photographique d’un tableau : l’une gravée, l’autre scannée. Isolant les fragments d’une même œuvre, elle renouvelle leur lecture tout en interrogeant sur le processus de copie.
Plus loin, Eduardo Cucciarelli (image à la une) mêle les techniques traditionnelles de l’estampe, l’eau-forte et l’aquatinte en l’occurrence, avec le numérique. Ces gravures en noir et blanc reproduisent des photographies d’actualité. Les sujets deviennent difficilement identifiables : les lieux et les personnages sont réduits à de vagues silhouettes, seule une observation poussée permet de reconnaître de quoi il s’agit. L’artiste met ainsi à distance l’émotion des clichés originaux.
Exposition ARBA à URDLA, du 26 mars au 8 avril 2016, URDLA – centre international estampe & livre, 207 rue Francis-de-Pressensé, Villeurbanne – entrée libre.
Image à la une : vue de l’exposition ARBA à URDLA (détail) © Photo : Jules Roeser. Courtoisie de l’URDLA