À la suite des précédentes éditions qui se sont déroulées au musée des beaux-arts de Tourcoing, au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg et au FRAC Alsace, au musée des beaux-arts de Grenoble et au Hangar à bananes à Nantes, l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne accueille le cinquième volet de la manifestation triennale De leur temps créée par l’Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français (l’ADIAF) en 2004.
< retrouvez le premier volet de ce billet, centré sur les collectionneurs, sur le blog >
Cette nouvelle exposition réunit 157 œuvres tous médiums confondus (peinture, photographie, vidéo, installation, sculpture…) de 129 artistes, prêtées par 85 collectionneurs ; elle entend proposer un « instantané » des collections françaises d’art contemporain. L’accrochage se déploie au sein d’un parcours de 23 salles présentant autant de thématiques définies par deux à cinq mots-clés. Dédiée à l’#organique, à la #matière, au #vivant et à l’#animalité, la salle 2 réunit ainsi entre autres œuvres une Buried painting de Davide Balula (en 2012 à la galerie Frank Elbaz, l’artiste enterre dans un mélange de terre et d’eau, des toiles vierges qui seront retirées à la fin de l’exposition, couvertes de sédiments) et une Fontaine de Michel Blazy (une œuvre au caractère évolutif où l’artiste fait se dissoudre des colorants alimentaires dans une plaque de plâtre).
Même si elle mêle toutes les générations, de The Kid (né en 1991) à Bernard Dufour (93 ans), l’exposition fait la part belle aux jeunes artistes (plus de 40 sont nés après 1980) et ignore à l’inverse les stars du marché ; elle témoigne de l’audace et de l’engagement des collectionneurs présents pour l’art le plus contemporain à distance d’une logique spéculative. On y retrouve, un certain nombre d’artistes révélés grâce au Salon de Montrouge (Jérôme Cavalière, Louise Pressager, François Malingrey…) ou dans le cadre de la manifestation prospective Rendez—vous, à l’instar de Johann Rivat ou Daniel Otero Torres. Mais à vouloir être trop représentative, la sélection s’éparpille. L’exposition aurait gagné à plus de cohérence sur le choix des artistes et la programmation du lieu, on peut ainsi s’étonner de l’absence – à l’exception près de Berdaguer&Péjus – d’artistes exposés par l’institut depuis dix ans (Guillaume Leblon, Saâdane Afif, Katinka Bock…).
Pour la première fois depuis la création de l’exposition De leur temps, l’ADIAF et l’Institut d’art contemporain ont souhaité associer directement les collectionneurs avec les artistes : douze nouvelles œuvres ont été spécifiquement produites à cet occasion. Dans l’entrée, Delphine Balley (accompagnée par Jacques Caton) présente un tirage monumental d’une photographie extraite de l’un de ses films. Avec l’aide de Colette et Michel Poitevin, Noémie Vulpian a libéré un lourd cylindre de bitume de son moule, permettant à la masse de s’étendre invariablement au sol du centre d’art. Jonathan Loppin présente lui, grâce à Marie-José Degrelle, une installation composée de sept troncs d’oliviers, arrachés par l’armée israélienne, transportés dans des caisses de Bethléem à Villeurbanne, évoquant par ricochets le sort des réfugiés palestiniens… La présente exposition s’inscrit dans la continuité des précédentes éditions de De leur temps : elle est à la fois le reflet de la vitalité des collectionneurs français (qui s’affirment comme un acteur essentiel du marché) et plus généralement de l’art contemporain en France grâce à la présence de jeunes artistes, promis à un grand avenir.
Exposition Le temps de l’audace et de l’engagement – De leur temps (5) – les collections privées françaises, du 12 mars au 8 mai 2016, Institut d’art contemporain de Villeurbanne, 11 rue Docteur Dolard, Villeurbanne – entrée 6€/4€/0€
Image à la une : vue de l’exposition Le temps de l’audace et l’engagement (de gauche à droite : Lionel Sabatté, Nicolas Momein, Toni Grand, Neïl Beloufa, Daniel Otero Torres)