Musée gallo-romain : Bernard Zehrfuss à l’honneur

Le musée gallo-romain de Lyon Fourvière fête cet automne son 40e anniversaire. En plus d’ouvrir pour la première fois ses portes à l’art contemporain en accueillant Lucy Skaer, l’institution consacre une exposition rétrospective à l’architecte Bernard Zehrfuss (1911-1996), auteur du bâtiment. 

Diplômé des beaux-arts de Paris, premier grand prix de Rome en 1939, Bernard Zehrfuss est l’auteur ou le coauteur de plusieurs bâtiments emblématiques : le CNIT à La Défense -en collaboration avec Robert Camelot et Jean de Mailly-, le siège de l’UNESCO à Paris -avec Marcel Breuer et Pier Luigi Nervi- ou le musée gallo-romain de Lyon. Architecte-star de la seconde moitié du XXe siècle, il fut un acteur clé de la reconstruction dans le nord de l’Afrique (on lui doit notamment le plan des villes de Tunis ou de Bizerte) comme en France. Pour le nouveau quartier de la Défense, appelé à devenir un « Manhattan à la française », il imagina un plan ordonnancé avec des immeubles organisés symétriquement de part et d’autre d’un axe majeur central, en plus d’un gratte-ciel qui servirait de « signal » dans le paysage. Zehrfuss adopta les modes de production les plus novateurs et s’entoura des plus grands ingénieurs (Jean Prouvé notamment) et artistes de son temps.

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L’escalier hélicoïdal, emblème du musée gallo-romain de Lyon Fourvière

L’architecte s’est à la fois illustré dans la réalisation d’usines et de bureaux (l’imprimerie MAME à Tours, l’usine Renault à Flins ou le siège de la société Sandoz à Rueil-Malmaison), de logements (à Strasbourg, Nanterre, Paris…) et d’équipements culturels. Maquettes, dessins, photographies et extraits de films, disséminés dans les collections permanentes du musée gallo-romain de Lyon, retracent la carrière de l’architecte.

Dernière grande œuvre de Bernard Zehrfuss, le musée gallo-romain de Lyon Fourvière construit entre 1969 et 1975 synthétise une partie de ses recherches sur l’intégration de l’architecture à son environnement… Grâce à une structure (portiques, piliers centraux, arc-boutants) enfouie dans la colline de Fourvière et une enveloppe recouverte par la végétation, le bâtiment se fond dans le décor, sans s’imposer face au théâtre antique. De l’intérieur, Le musée a des allures de « cathédrale souterraine ». L’architecte et son équipe ont imaginé un parcours sur quatre niveaux étalés en plans successifs le long desquels se déploie une rampe centrale en pente douce courant sur toute la hauteur du bâtiment, imaginée comme une promenade, inspirée par celle du musée Guggenheim de New York. Deux canons de lumière offrent un point de vue sur le site archéologique. Autre emblème du bâtiment, l’escalier hélicoïdal en béton.

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Mise en scène des inscriptions, musée gallo-romain de Lyon Fourvière

En plus du gros œuvre, Bernard Zerhfuss à participé activement à la muséographie. [Muséographie qui malgré les efforts mis en oeuvre par le musée (intégration de dispositifs numériques, remplacement progressif des cartels) se révèle dépassée tant au point de vue du discours que de l’esthétique]. L’attention portée à la mise en valeur des pièces archéologiques en ferait presque oublier les parti-pris architecturaux et est à ce point de vue exemplaire. Le parcours alterne de grandes perspectives avec des obstacles visuels permettant de nombreux points de vues sur les collections. L’architecte a imaginé des dispositifs scénographiques particulièrement efficaces en ce qui concerne les inscriptions et les mosaïques (visibles depuis des percées verticales). L’exposition Zehrfuss mérite d’être vue ne serait-ce que pour (re)découvrir ces trésors (en plus de soutenir le musée, privé de son week-end anniversaire à la suite des attentats de Paris).


Bernard Zehrfuss, architecte de la spirale du temps, du 13 novembre au 14 février 2016, musée gallo-romain de Lyon Fourvière, 17 rue Cléberg, Lyon 5e – entrée 7€/4,50€ / gratuit -18 ans/pour tous le jeudi.