Biennale de Lyon -35 ans

Pour sa 13e édition, la biennale d’art contemporain de Lyon fait la part belle aux jeunes : 18 artistes sur les 60 réunis sont nés dans les années 1980. Focus sur les œuvres de deux d’entre eux, He Xiangyu et Hicham Berrada, présentées entre le musée d’art contemporain de Lyon et la Sucrière.

He , vue de l'exposition Le Monde moderne, musée d'art contemporain de Lyon
He Xiangyu, Turtle, Lion, Bear, 2009-2015, vue de l’exposition La vie moderne – 13e biennale d’art contemporain de Lyon, musée d’art contemporain de Lyon

Artiste chinois né en 1986, He Xiangyu vit et travaille à Pékin. Il s’est fait connaître par de grandes installations et des projets inscrits dans la durée. Entre 2011 et 2013, il supervisa par exemple la confection d’un tank en cuir italien de luxe. Son œuvre la plus célèbre à ce jour, Cola Project (2009), a consisté à la mise en ébullition pendant un an de 127 tonnes de boisson au cola, transformant le liquide en une pâte dure (une poignée est présentée dans une vitrine au musée d’art contemporain de Lyon). Tout en dénonçant le capitalisme et les grandes industries, He Xiangyu s’est attiré le soutien des plus grands collectionneurs. Ses œuvres sont présentes dans la collection des Rubell (Miami), des Boros (Berlin) ou de François Pinault (Venise).

Au MAC, l’artiste présente un environnement vidéo qui prend la forme d’une salle plongée dans le noir dans laquelle sont disposés 23 écrans présentés dans des vitrines. Turtle, Lion, Bear diffuse en continu les bâillements au ralenti de 21 figurants -dont l’artiste lui-même- de tous âges et toutes origines confondues, et de trois animaux : une tortue, un lion et un ours. Le cadrage serré des vidéos au niveau du buste ou de la bouche de chacun, permet de montrer de manière quasi scientifique chaque contraction des muscles du visage. Communément associé à la faim, la pression, l’ennui ou la fatigue, le bâillement est aussi connu pour sa force de contagion. Il est presque impossible (cinq minutes dans la salle permettent de le constater) de ne pas succomber à l’envie de bâiller en voyant quelqu’un le faire. Ainsi, He Xiangyu souligne l’universalité des comportements et participe à la communion des visiteurs de la biennale dès le début du parcours.

Hicham Berrada, Mesk-ellil 2015, vue de l’exposition La vie moderne – 13e biennale d’art contemporain de Lyon, La Sucrière. Courtesy de la galerie kamel mennour © Blaise Adilon/Biennale de Lyon

Sur le plan artistique, tout sourit à Hicham Berrada. Révélé en 2013 grâce aux modules Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, il a résidé à la villa Médicis en 2013-2014 avant d’intégrer la galerie kamel mennour (qui représente par ailleurs Camille Henrot et Mohamed Bourouissa, présents à la 13e biennale d’art contemporain). Il a participé à la Nuit Blanche et à la FIAC hors-les-murs, le MAC/VAL conserve plusieurs de ses œuvres. Il exposera en 2016 au Centquatre. Son travail démontre un intérêt particulier pour les sciences : en faisant intervenir des protocoles ou des réactions chimiques, Hicham Berrada recrée les conditions de la vie (Arche), transforme un ciel d’orage en bleu (Celeste) ou modifie à l’envie les couleurs d’une toile (Azur).

À la Sucrière, Hicham Berrada créé un environnement dérivé d’une installation présentée à la galerie kamel mennour au printemps dernier. Dans une salle plongée dans le noir le jour, baignée de lumière la nuit, l’artiste à disposé sept serres horticoles abritant des pots de jasmin blanc, une espèce de végétaux présente notamment au Maghreb où à grandit l’artiste (Hicham Berrada est né en 1986 à Casablanca), symbole de paix et de tolérance (également associé à la révolution qu’a connu la Tunisie en 2010), aussi appelée « musc de la nuit » ou mesk ellil en arabe. La fleur de jasmin a la particularité de diffuser une odeur forte à la nuit tombée. En inversant le cycle jour/nuit, Hicham Berrada propose aux visiteurs de la biennale d’art contemporain de faire l’expérience olfactive d’un jardin de nuit. Son installation embaume d’une odeur puissante et sensuelle le troisième étage de la Sucrière. Nul doute qu’on s’en souviendra longtemps.


13e biennale d’art contemporain de Lyon, La vie moderne, du 10 septembre au 3 janvier 2016, La Sucrière, 47-49 quai Rambaud, Lyon 2e / Musée d’art contemporain, 81 quai Charles de Gaulle, Lyon 6e – entrée 15€/6€.


Image à la une : Yuan Goang-Ming, Landscape of Energy – stillness, 2014. Courtesy de l’artiste