Scoop : une histoire de la presse

Au travers de sa nouvelle exposition, « SCOOP », le musée de l’imprimerie et de la communication graphique de Lyon retrace l’histoire de la presse en France, de l’Ancien Régime jusqu’à nos jours.

Depuis le lancement en 1631 de la Gazette, considérée comme le premier journal français, et l’introduction des quotidiens gratuits (dernière grande -r-évolution dans le monde de la presse), près de 400 ans se sont écoulés. L’exposition offre une traversée de l’histoire de France, siècle par siècle, régime après régime. Les principaux événements historiques se croisent avec les faits divers les plus anodins.

L’exposition s’appuie sur une donation au musée de 30 000 quotidiens et périodiques français et étrangers consentie par Bernard Gelin. Près de 250 journaux et objets graphiques illustrent les principales innovations mécaniques et graphiques qui ont changé le visage des journaux, jusqu’à ceux qu’on connaît aujourd’hui.

Saviez-vous par exemple que les périodiques publiés sous l’Ancien Régime n’étaient pas plus grands qu’une demi-feuille (135 x 210 mm) et ne comptaient pas plus de quatre ou huit pages ? Le format des journaux n’a cessé de croître au cours des siècles, jusqu’au très grand format dit broadsheet abandonné par L’Equipe il y a peu. Le nombre de colonnes est lui passé de une à deux sous l’Ancien Régime à cinq à six au milieu du XIXe siècle et jusqu’à huit-neuf aujourd’hui, offrant de nouvelles possibilités tant graphiques qu’éditoriales.

Presse mécanique de Cowper employée pour l’impression du Magazine pittoresque (Magazine pittoresque, 1834, N°48, fonds Gelin). Courtoisie du musée

La révolution industrielle a profondément bouleversé le monde de la presse. La mécanisation des presses et des outils de composition des textes au cours du XIXe siècle a permis de réduire les effectifs et le temps de travail des ouvriers de la presse tout en accroissant les tirages : en six ans, le Petit Journal multiplie par exemple le sien par dix (400 000 exemplaires/édition en 1869 contre 38 000 en 1863).

L’exposition énumère une à une, dans un parcours dense organisé chronologiquement, les évolutions qu’a connu le monde de la presse : l’introduction de la publicité à partir de 1828, le développement de la presse illustrée, la mise au point de nouvelles techniques photographiques (similogravure, bélinographe)…

Au cours de la première moitié du XXe siècle, le visage du journal change radicalement : la mise en page se fait plus dynamique, les illustrations se multiplient, le contenu s’organise désormais en rubriques (actualités, politique, culture)… Face à la concurrence exacerbée et à la faveur du développement du photojournalisme, la recherche du sensationnel l’emporte souvent (d’où le titre de l’exposition : « Scoop »).

L’histoire de la presse depuis 1900, qui alterne entre prospérité et crises, aurait pu faire à elle-seule l’objet d’une exposition. Pendant les deux guerres mondiales, la mobilisation générale, la pénurie de papier, l’inflation des prix et la censure précipitent la disparition de nombreux titres. Entre 1950 et 1973 (année du choc pétrolier), le milieu connaît des années glorieuses. L’avènement de l’informatique et du numérique transforment radicalement l’industrie de la presse, les journaux n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient il y a cent ans ou plus. L’exposition montre avant tout que la presse a toujours su faire face au progrès. Malgré la chute des tirages (11,2 millions pour tous les quotidiens français en 1973 contre 7,1 en 2012) il est permis d’espérer un avenir pour la presse-papier.


Signalons l’édition d’un catalogue original, très complet, au format et au prix (5€) d’un journal. En vente à la librairie du musée de l’imprimerie et de la communication graphique de Lyon.


SCOOP : une histoire graphique de la presse, du 8 octobre au 31 janvier 2016, musée de l’imprimerie et de la communication graphique, 13 rue de la Poulaillerie, Lyon 2e – entrée 6€/4€.


Image à la une : La liberté de la presse, 1797, gravure anonyme coloriée, Paris, BNF. Courtoisie du musée