Ce n’est un secret pour personne, Paris regorge de galeries d’art contemporain (voir la sélection de 150 adresses à connaître) mais saviez-vous que certaines d’entre elles possédaient un espace propre ou annexe sur rue, visible au-delà des horaires habituels d’ouverture ? Focus sur l’art dans les vitrines.
Mes préférées
Ouverte en 1990 à l’initiative de l’association Art, Culture et Foi / Paris, la galerie Saint-Séverin (4 rue des Prêtres-Saint-Séverin, Ve) accueille depuis 2004, dans une simple vitrine sur rue aménagée par le designer-star Martin Szekely, des œuvres d’artistes conçues ou adaptées au lieu, au rythme de cinq ou six par an, dans le but de favoriser le dialogue entre l’art contemporain et la spiritualité chrétienne. La programmation du lieu est assurée par un commissaire et un directeur artistique, renouvelés chaque année. En dix ans, la galerie a vu se succéder des artistes venus d’horizons divers : des personnalités de premier plan (Claude Rutault, Christian Boltanski, Jacques Villeglé…) comme de jeunes artistes (Julien Salaud, Eva Nielsen, Thomas Tronel-Gauthier…). La vitrine est éclairée 24h/24, 7j/7. Aucune excuse pour ne pas y passer !
Attenante à l’espace d’exposition principal situé au fond d’une cour, la vitrine sur rue de la galerie jean brolly (16 rue de Montmorency, IIIe), prolonge le programme artistique de la galerie avec des œuvres et des projets adaptés au lieu, accueillis aux mêmes dates. La vitrine est décrite par Isabelle Lartault, l’une des deux artistes invités pour l’investir en septembre-octobre 2015, comme un « local commercial pourvu d’une devanture vitrée qui permet de voir, de l’extérieur, les objets exposés à l’intérieur ». Les dimensions de la vitrine (superficie, hauteur sous plafond) lui permettent d’accueillir tout aussi bien des dessins ou des peintures aux murs, que des installations ou des sculptures au sol. Chaque exposition de la vitrine dispose de ses propres flyers et communiqués de presse (mais hélas pas d’archives sur le site internet de la galerie).
Incontournable pour tous les amateurs d’art contemporain parisiens et de passage, le Plateau -l’espace principal du FRAC Île-de-France- accueille trois à quatre expositions -tantôt collectives, tantôt monographiques- en plus de concerts, performances, projections… Moins connu, l’antenne culturelle du FRAC, située à 50 mètres du Plateau, est un espace « pédagogique, accessible et vivant dont la vocation est de permettre à tous d’établir une relation à l’art contemporain » au moyen d’ateliers, de rencontres, la mise à disposition de documents et d’expositions. Sa vitrine (22 cours du 7e art, Paris XIXe), accueille des expositions de petit format constituée à partir d’œuvres des collections du FRAC ou d’invitations à des jeunes artistes majoritairement (Romain Bernini, Mimosa Echard, Adelaïde Fériot… dernièrement). À connaître !
Installé au cœur du Marais, en plein quartier des galeries, au rez-de-chaussée d’un immeuble ancien 15 rue Debelleyme (Paris IIIe), Gleichapel (contraction de Glei -le nom et de son directeur- et de chapel ou/ de l’allemand glei et chapel signifiant chapelle en mouvement) est une « plateforme indépendante » dédiée à la création contemporaine. Ouvert en avril 2014, l’espace d’exposition, inaccessible physiquement au public, est uniquement visible depuis la fenêtre sur rue -limitant de fait les angles de vue possible. Le lieu accueille non seulement régulièrement des expositions (Amy Jean Porter, Pier Stockholm, Vincent Tanguy…) mais aussi ponctuellement des performances et des projections (en parallèle au salon Drawing Now ou aux Sunday’s screenings dernièrement). En temps d’expositions, la galerie est éclairée de midi à minuit non-stop.
Initié par Romain Semeteys, fondateur de Lechassis (une plateforme de soutien à la jeune création d’art contemporain proposant tout à la fois un webzine, un agenda, un guide et des expositions), Les barreaux est le dernier espace-vitrine créé à Paris. Situé 74 avenue Denfert-Rochereau dans le XIVe arrondissement, au sein de l’ancien hôpital Saint Vincent de Paul (fermé en 2011, reconverti provisoirement en bureaux pour des associations de tous bords) à proximité de Port Royal, du cimetière de Montparnasse et de l’Observatoire, le lieu accueille une fois par mois et pour une courte durée des projets d’artistes : une installation d’Anne-Charlotte Yver en octobre 2015 en résonance avec la Nuit Blanche, une autre d’Etienne Pottier en novembre… En période d’expositions, la vitrine est visible de jour comme de nuit depuis la rue.
Galeries
À Paris, un certain nombre de galeries d’art contemporain possèdent une vitrine sur rue, séparée de l’espace d’exposition, qui leur permet d’accrocher une peinture, un dessin ou une photographie donnant aux passants un avant-goût de l’exposition présentée à l’intérieur, qu’on pense aux galeries : ALB, Anne Barrault, Isabelle Gounod, Maïa Muller, Polaris, Polka, Laure Roynette, Semiose, Suzanne Tarasieve… Plus rares sont celles qui développent (faute de place souvent), au sein de leur vitrine, une programmation spécifique.
- La galerie Air de Paris (32 rue Louise Weiss, XIIIe) accueille dans sa vitrine non seulement des artistes qu’elles représente (Mrzyk & Moriceau, Carsten Höller…) mais aussi certains invités comme Jean-Marie Appriou en 2012. Les expositions peuvent s’articuler en plusieurs volets successifs.
- En lien ou non avec la programmation artistique, selon les expositions, la vitrine de la galerie Gagosian (4 rue de Ponthieu, XVIIIe) accueille une unique œuvre aux dimensions de l’espace. On y retrouve quelques uns des artistes les plus en vue : Richard Prince, Giuseppe Penone…
- La galerie Laurent Godin (5 rue du Grenier Saint-Lazare, IIIe) possède sans aucun doute possible la plus petite des vitrines de galeries. Aménagée en 2014, ses quelques dizaines de centimètres carré ont accueilli entre autres choses des néons d’Hsia-Fei Chang et une vidéo de Claude Closky.
- Depuis 1998, la galerie Pièce Unique (4 rue Jacques Callot, VIe) ne présente qu’une seule et unique œuvre réalisée spécialement pour le lieu. Depuis 2000, la galerie s’est dotée d’un second espace plus classique, destiné à présenter d’autres travaux en complément. Dans les années 1990, les stars se sont succédé : Cy Twombly, Sol LeWitt, Louise Bourgeois… Plus rares aujourd’hui, elles ont fait place à la quinzaine d’artistes représentés.
- Bien qu’elle possède l’une des plus grandes vitrines de la capitale et soient l’une des seules à tenir à jour ses archives, on ne peut que regretter la baisse de qualité de la programmation artistique et de l’espace même de la galerie Anne de Villepoix (43 rue de Montmorency, IIIe). Dommage !
- Dédiée à deux générations d’artistes -l’une née dans les années 1950, l’autre très très jeune- l’excellente galerie l’Inlassable possède une vitrine rue Dauphine qui lui permet d’attirer les passants dans l’espace principal situé dans une petite rue derrière (13 rue de Nevers, VIe).
- « Incubateur d’idées et de projets créatifs » -selon leurs propres mots- à la croisée des domaines (musique, images, objets), sometimeStudio (26 rue Saint-Claude, IIIe) possède une vitrine dans laquelle sont présentées ponctuellement des installations artistiques adaptées à l’espace sur rue.
Propositions ponctuelles
En 2014, la galerie Dominique Fiat (16 rue des Coutures Saint-Gervais, IIIe) lançait « one work / one wall / one week » (une œuvre, un mur, une semaine), un rendez-vous destiné à montrer entre deux expositions, le travail de l’un de ses artistes. Seules deux artistes pour le moment ont eu la chance d’y participer : Safâa Erruas et Rebecca Bournigault. Espérons que la galerie pérennisera le projet…
Pour les galeries, l’été est souvent propice aux projets extra-ordinaires (cartes blanches, expositions collectives…). Galerie singulière, installée 20 rue Domat dans le Ve arrondissement (pas très loin de la galerie Saint-Séverin), presque exclusivement dédiée à la prospection et la promotion de la jeune création, la galerie Perception Park a montré l’exemple en confiant sa vitrine à des artistes pendant la fermeture estivale : en 2014, Pierre-Roy Camille transforma la vitrine en « Heaven’s door » tandis qu’en 2015, Laurent Derobert exposa un fragment de sa dernière intervention au Palais de Tokyo.
Le même été, la galerie Marine Veilleux (47 rue de Montmorency, IVe) fit le choix de conserver une œuvre créée par Delphine Renault à l’occasion de la dernière exposition de la saison. Son intervention consistait en un recouvrement partiel de la façade vitrée au moyen de peinture, transformant l’entrée en un portail doré.
Retrouvez toutes les vitrines citées sur la carte ci-dessous :