En lieu et place des chefs-d’œuvre modernes -de Pablo Picasso à Francis Bacon- de sa collection, prêtés à Mexico pour l’exposition Los Modernos, le musée des beaux-arts de Lyon propose jusqu’en juillet 2016 un panorama en plus de 150 œuvres de la scène artistique lyonnaise au XXe siècle.
Quelques semaines seulement après avoir renouvelé l’accrochage de ses collections complètes avec Dix ans de passions mettant à l’honneur les acquisitions réalisées au cours de la décennie précédente, le musée propose une lecture inédite de l’histoire de l’art au XXe siècle en axant son corpus autour d’artistes étant nés ou ayant travaillé à Lyon. Conçu par Sylvie Ramond la directrice du musée et Patrice Beghain auteur de l’ouvrage de référence Une histoire de la peinture à Lyon, l’exposition vise à « rendre compte à la fois de la richesse et de la singularité de la création artistique à Lyon au cours du XXe siècle ».
L’accrochage illustre à la fois différentes tendances de l’art moderne en France (fauvisme, cubisme, peinture métaphysique, surréalisme, orphisme, abstraction lyrique) et divers courants régionalistes comme l’école de Lyon et ses principaux acteurs : Jacques Truphémus, André Cottavoz… L’exposition prend place dans les salles habituellement dévolues à la présentation des collections modernes et contemporaines.
Le fonds est constitué à parts égales d’œuvres exhumées des réserves du musée, rarement sinon jamais montrées au public, et de prêts sollicités auprès de différents acteurs de la région : musées (le musée d’art contemporain de Lyon, l’institut d’art contemporain de Villeurbanne, le musée Paul Dini à Villefranche sur Saône), collectionneurs, artistes… Le présent accrochage s’inscrit dans la continuité des expositions monographiques organisées depuis plusieurs années consacrées à des artistes, des groupes ou des personnalités qui ont marqué la vie artistique lyonnaise : Jean Martin (2011), Jacques Truphémus et Etienne-Martin en 2014 ou encore Georges Adilon dernièrement. On peut d’ailleurs regretter l’absence de certains artistes comme Charles Sénard ou Raymond Grandjean mis à l’honneur dans le cadre de ces focus sur la scène artistique lyonnaise même si l’accrochage se veut plus représentatif qu’exhaustif…
L’accrochage éclectique se révèle aussi déconcertant que jouissif, déconcertant car la plupart des artistes exposés sont peu connus du grand public (à l’exception de quelques « stars » comme Albert Gleizes, René-Maria Burlet ou Marc Desgrandchamps) et même des habitués du musée des beaux-arts (car si la scène lyonnaise est particulièrement bien représentée pour les XVIIIe ou le XIXe siècle, elle est quasi absente du parcours moderne : seuls trois artistes -Max Schœndorff, Armand Avril, Etienne-Martin- étaient exposés dans l’accrochage précédent) sans compter le manque cruel de repères historiques/artistiques/biographiques proposés par le musée, et jouissif à la fois parce qu’il offre un lot de découvertes extraordinaires. La puissance de l’accrochage réside avant tout dans la qualité des ensembles réunis (en particulier les seize œuvres de Pierre Combet-Descombes) et les quelques clins d’œil discrets aux collections modernes comme le combat au couteau d’une toile de Marc Desgrandchamps en place de la carcasse écorchée peinte par Francis Bacon (Carcasse de viande et oiseau de proie, 1980).
Regard sur la scène artistique lyonnaise au XXe siècle, du 4 décembre au 10 juillet 2016, musée des Beaux-Arts de Lyon, place des Terreaux. Entrée collections : 7€/4€/0€.
Image à la une : Pierre Combet-Descombes, Les Tulipes rouges, 1929 © Lyon MBA, photo : Alain Basset