Treize ans après le musée d’art contemporain de Lyon, le musée de l’imprimerie et de la communication graphique rend à son tour hommage à Andy Warhol (1928-1987). Dédiée à ses travaux graphiques, publicitaires et commerciaux, l’exposition Ephemera s‘appuie sur une centaine de documents issus de la collection personnelle de Paul Maréchal.
Des débuts de sa carrière d’illustrateur dans les années 1950 à sa mort en 1987, Andy Warhol n’a jamais cessé de répondre à des commandes graphiques. L’exposition couvre trente-cinq ans de carrière et dévoile un pan inédit du travail de l’un des artistes les plus célèbres au monde. Inédit car à quelques exceptions près, comme les pochettes d’albums du Velvet Underground ou des Rolling Stones, celui-ci demeure totalement méconnu. Les œuvres commerciales réalisées par Andy Warhol après le milieu des années 1960 ont été globalement occultées voire ignorées par les historiens de l’art jusqu’à il y a peu, considérant que sa production graphique finissait dès lors qu’il rencontre des succès en tant qu’artiste. Ce pan nous est dévoilé grâce à la collection et au travail mené par Paul Maréchal depuis le milieu des années 1990. Il a permis la révision de l’œuvre de Warhol et enrichi la connaissance que les spécialistes en avait : ses recherches ont par exemple permis d’élargir à soixante-cinq le nombre de pochettes de disques connues quand la Fondation Warhol n’en avait répertorié qu’une vingtaine.
Centrée sur la production d’ephemera, c’est-à-dire les imprimés de tous les jours voués à disparaître dès lors que le produit ou la manifestation qu’ils accompagnent est terminé ou n’est plus d’actualité, l’exposition réunit une centaine de documents : posters, affiches diverses (pour le film Querelle de Rainer Werner Fassbinder, un spectacle de théâtre joué à New-York ou les jeux olympiques d’hiver de Sarajevo), publicités, cartons d’invitation, sacs de courses, étiquettes de vin, cartes de vœux, couvertures de magazines, flyers, illustrations et en-dehors du cadre stricto sensu des ephemera également plusieurs pochettes de disque (Paul Anka, Diana Ross, Thelonious Monk) et livres pour enfants. Une publication consacrée aux « créations publicitaires et travaux divers » – comportant des documents restés inédits – accompagne la présentation, il s’agit du quatrième catalogue raisonné de l’œuvre graphique d’Andy Warhol établi par Paul Maréchal (après l’inventaire des pochettes de disques, affiches, illustrations de magazines et avant les couvertures de livres et illustrations pour les livres).
Organisée en atlas (successivement thématique, technique, esthétique ou chronologique d’une manière peu explicite), chacune des dix sections s’articule autour d’une œuvre graphique emblématique et d’un document extrait des collections du musée de l’imprimerie qui permet d’inscrire Andy Warhol dans l’histoire de l’imprimé comme héritier d’une longue tradition. Les légendes sont accompagnées de photographies de l’artiste à différents moments de sa vie.
Le caractère temporaire de l’ephemera a permis à Warhol de nombreuses expérimentations, du point de vue de la composition, des techniques ou de la typographie. La diversité des moyens mis en œuvre résonne avec son propre travail d’artiste. De par leur nature, seul l’objet final a pu être collectionné (les étapes de travail jugées sans valeur ont systématiquement disparu). La difficulté d’identifier certains travaux parfois anonymes et tirés à quelques rares exemplaires est d’autant plus grande quand ils ont été produits pour une soirée confidentielle ou à la demande de parfaits inconnus… Quelques clins d’œil à la France ont été disséminés dans l’exposition, notamment un portrait de Gérard Depardieu pour une couverture du magazine Vogue Homme ou de François Mitterrand en une d’un tirage du Nouvel Observateur…
Exposition Andy Warhol, Ephemera, du 23 mars au 16 septembre 2018 au musée de l’imprimerie et de la communication graphique, 13 rue de la Poulaillerie, Lyon 2e – entrée : 8€/6€/0. Un catalogue accompagne l’exposition (25€).