Dans le cadre de la manifestation « Rendez—vous, Jeune création internationale », l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne (IAC) accueille entre ses murs, du 20 septembre 2017 au 7 janvier 2018 en parallèle à la 14e biennale d’art contemporain de Lyon, une vingtaine d’artistes âgés de 27 à 41 ans venus des quatre coins du monde.
Créé en 2003, Rendez—vous entend dresser chaque année – une fois à Villeurbanne, l’année suivante en-dehors des frontières de l’Europe (Shangaï, Le Cap, Singapour, Pékin…) – un panorama de la jeune création française et internationale nécessairement subjectif et non-représentatif. Le commissariat de l’exposition est assuré par les quatre principaux acteurs de l’art contemporain dans la région (Thierry Raspail, directeur artistique de la Biennale de Lyon, Emmanuel Tibloux, directeur de l’ENSBA Lyon, Nathalie Ergino, directrice de l’Institut d’art contemporain et Isabelle Bertolotti, responsable d’exposition au Musée d’art contemporain de Lyon) associés à dix commissaires de biennales et triennales internationales.
Cette année intégré au programme et au calendrier officiel de la Biennale, Rendez—vous compense la faible représentation des jeunes artistes et des plasticiens issus de la région à la Sucrière et au Musée d’art contemporain, les deux principaux lieux de l’événement. Sept des onze artistes français exposés à l’IAC sont passés par l’école des beaux-arts de Lyon ; moyenne d’âge générale : 33 ans. Véritable tremplin, Rendez—vous permet aux sélectionnés « de bénéficier d’une première exposition conséquente dans une institution renommée » quand ceux-ci n’ont pas déjà été largement exposés ou représentés par des galeries de premier plan (comme c’est le cas pour certains, cette édition encore). Par le passé, la manifestation a contribué à révéler des artistes comme Apichatpong Weerasethakul (Palme d’or à Cannes en 2010), Nathalie Djurberg (Lion d’argent à la Biennale de Venise en 2009) ou Julien Prévieux (Prix Marcel Duchamp en 2014).
Ouvert à toutes les formes d’expressions artistiques, à l’exception de la photographie et du dessin extraordinairement, cette nouvelle édition de Rendez—vous accorde une place importante aux installations et aux vidéos. Dépourvue de thème ou de fil conducteur, l’exposition résonne sciemment ou non aux « Mondes flottants » de la Biennale par sa dimension expérimentale et sensorielle – la vue, l’ouïe, l’odorat sont sollicités – et l’évocation permanente du voyage, des transports et de la communication. Dès l’entrée, une succession de trois salles immerge le visiteur dans l’ambiance. Dans la première, presque totalement plongée dans le noir, résonne en continu le son amplifié d’un courant électrique mis en évidence par Thomas Teurlai. Dans la deuxième, un motif de fleurs aux couleurs vives, peint par Laure Mary-Couégnias, recouvre les murs, le sol et le plafond, portes et prises compris tandis qu’une lumière crue inonde la troisième salle et les suivantes.
Souvent à l’échelle d’une salle entière, parfois créées in-situ, les œuvres s’intègrent à l’architecture et la scénographie des lieux : Marion Robin reproduit et agrandit au sol les indications techniques d’un plan de montage de l’Institut, EJ Hill dresse dans la cour intérieure une structure de plusieurs mètres de haut, Mitsunori Kimura suspend au plafond des centaines de cordes où pendent de petites têtes anthropomorphes modelées en peinture, au milieu desquelles le visiteur peut se frayer un passage. Aux grands formats répondent les détails de plusieurs œuvres : Dia Mehta Bhupal présente un environnement entièrement réalisé à partir de bandelettes de papiers roulés et collés entre elles, Anne Le Troter rapporte un fragment de mur du Palais de Tokyo, Hicham Berrada filme en gros plan des particules de fer soumises à des champs magnétiques…
À l’Institut d’art contemporain – comme à la Sucrière et au Musée d’art contemporain – l’expérience domine. Le regard est sollicité de toutes parts (avec un accrochage du sol au plafond), le corps est assujetti à l’extrême sinuosité du parcours et les visiteurs placés au cœur des attentions. Éléonore Pano-Zavaroni leur dédie une œuvre. Un ensemble de lettres rédigées par des complices de l’artiste sont adressées à son intention et reposent au sol en attendant d’être lues et d’inaugurer, peut-être, de nouvelles correspondances au-delà de l’exposition une fois la porte de sortie de l’Institut d’art contemporain franchie.
« Parfois, surtout dans les musées d’art contemporain, on ne sait pas trop ce qu’il faut regarder ou voir, ou faire même. D’ailleurs c’est peut-être en imitant quelqu’un qui lisait une de ces lettres posées à terre que vous avez osé le faire. Il n’est peut-être même pas question d’oser, juste de penser qu’il était possible et même autorisé de prendre une de ces lettres et de la lire, là, au milieu de ce musée. » extrait d’une lettre à l’attention du visiteur de l’exposition rédigée par Quentin Maussang, à l’invitation d’Éleonore Pano-Zavaroni
Exposition Rendez–vous | Biennale de Lyon 2017, du 20 septembre 2017 au 07 janvier 2018, à l’Institut d’art contemporain, 11 rue Docteur Dolard, 69100 Villeurbanne. Entrée (donnant accès à tous les lieux de la Biennale) : 16€ / 9€ / 0€
Catalogue numérique de l’exposition, téléchargeable gratuitement. Édition papier : 12€, en vente à l’IAC