L’œuvre du mois #2 : Barry Flanagan

Accessibles à moindre coût, les artothèques permettent à tout un chacun d’accrocher une œuvre d’art contemporain chez soi. Dans la continuité du projet d’artothèque pour Paris est née l’envie de partager les richesses de structures méconnues du grand public. Une fois par mois (ou moins), focus sur une œuvre empruntée dans une artothèque. 

Stepney Green est une gravure à l’eau-forte signée Barry Flanagan. L’œuvre fait partie des collections de la Bibliothèque Nationale de France, de la Tate et de la Maison du Livre de l’Image et du Son à Villeurbanne où elle est disponible au prêt.

Né en 1941 et décédé en 2009, Barry Flanagan demeure célèbre pour ses sculptures de lièvres mais son œuvre ne saurait être réduit à ce motif. Considéré comme l’un des représentants majeurs de la sculpture britannique (il a notamment participé à l’exposition historique Quand les attitudes deviennent forme et représenté le Royaume-Uni à la Biennale de Venise 1982), il s’est fait remarquer au milieu des années 1960 pour son usage de matériaux « pauvres » (sable, cordes, tissus notamment) et la mise en place d’actions simples : empilement (Pile), entassement (Heap)… À la fin de années 1970, l’artiste opère un changement radical dans sa pratique en se tournant d’une part vers des matériaux plus traditionnels comme le marbre ou le bronze, et de l’autre en focalisant son attention sur la représentation d’animaux : lièvres, chevaux, éléphants (l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, voisin de la MLIS, en conserve un exemple). Le premier lièvre est fondu en 1979, des centaines suivront. Barry Flanagan laisse libre cours à sa fantaisie : animaux dansant, courant, jouant d’un instrument, pratiquant une activité sportive… Ces œuvres font partie des collections les plus prestigieuses et sont disséminées dans l’espace public aux quatre coins du monde : deux sculptures sont installées en France, en Gironde et dans le Nord.

Au cours de sa carrière, Barry Flanagan a réalisé près de 150 gravures. Une exposition centrée sur ses estampes s’est tenue en 1995 à la BnF et au Musée des Beaux-Arts de Caen. À  l’instar d’Alberto Giacometti, Arman ou Richard Serra, pour ne citer qu’eux, Barry Flanagan est à la fois reconnu en tant que sculpteur et graveur (comme l’a montré l’exposition Des sculpteurs à l’épreuve de l’estampe au XXe siècle au LAAC de Dunkerque en 2006). Dans une certaine mesure, la pratique de la gravure peut s’apparenter à la sculpture. La pointe sèche et le burin – pour le métal – ou la gouge – pour le linoléum – permettent de soustraire de la matière à la façon dont le ciseau, la gradine ou le trépan en retirent au bloc de pierre. Chez Barry Flanagan, deux grands ensembles se distinguent : d’une part, les portraits de proches, d’amis, d’artistes (Gilbert & George, Richard Hamilton…), de l’autre, les souvenirs de voyage ou de balades à travers le Royaume-Uni (Stepney Green est le nom d’un quartier au sud-est de Londres). Dans de nombreuses gravures, l’apparente spontanéité du trait laisse penser qu’elles ont été réalisées sur le vif. Si Barry Flanagan synthétise les formes en les réduisant à une simple ligne comme un objet sculpté en « fil de fer », chaque élément (le cheval, le sabot, le chien et l’homme) reste parfaitement identifiable.


+ ouvrages pouvant être consultés/empruntés à la MLIS : • Barry Flanagan, Estampes, catalogue d’exposition, BnF – Musée des Beaux-Arts de Caen, 1996 • Barry Flanagan, Recent Sculpture, catalogue d’exposition, Pace Gallery New-York, 1983