Budget parisien : une œuvre d’art chez soi

Début juillet, la mairie de Paris a mis en ligne les propositions retenues dans le cadre du budget participatif, le projet d’artothèque en fait partie. Un vote organisé du 10 au 20 septembre permettra de départager les idées sélectionnées. 

Depuis le début des années 1960, encouragé par le ministère de la Culture, de nombreuses artothèques ont ouvert leurs portes en France : on en compte aujourd’hui une quarantaine réparties sur l’ensemble du territoire : à Annecy, Caen, Limoges, Lyon, Nantes, Nîmes ou Strasbourg notamment. Malgré son attractivité, l’Île-de-France est aujourd’hui l’une des régions les moins équipées en artothèques d’où la nécessité d’en créer une à Paris ! Le budget participatif pourrait être l’occasion de le faire…

Une artothèque à Paris ? 

La mise en place d’un dispositif de prêts d’œuvres d’art contemporain a été envisagée par Anne Hidalgo, actuelle maire de Paris, elle-même, pendant sa campagne électorale (voir le livret de campagne Paris qui ose page 68, ou l’interview face-à-face avec Nathalie Kosciusko-Morizet réalisée par Télérama en février 2014).

« Je lancerai la première artothèque-photothèque à partir des collections du Fonds municipal d’art contemporain et de la Parisienne de photographie » Anne Hidalgo

La création d’une artothèque permettrait de manière concrète de démocratiser l’accès à la culture. La proposition viendrait en renforcement d’autres mesures mises en place par la mairie de Paris, notamment l’accès gratuit aux collections des musées municipaux (musée d’art moderne de la ville de Paris, maison de Balzac, musée Carnavalet, Petit Palais, maison Victor Hugo, musée Zadkine…).

L’artothèque de Paris pourrait s’appuyer, comme le soutenait Anne Hidalgo, sur la collection du Fonds municipal d’art contemporain (FMAC) qui compte aujourd’hui près de 22000 œuvres dont 3000 contemporaines (peintures, dessins, gravures, sculptures, photographies, installations et vidéos) ainsi que sur la Parisienne de photographie, héritière de plusieurs collections (fonds Roger Viollet, bibliothèque historique de Paris…), riche de plusieurs millions de tirages. Malgré leur reconnaissance dans le milieu culturel et la diffusion de leurs collections (des prêts sont régulièrement sollicités par les musées pour leurs expositions ou par les administrations pour leurs bureaux), les deux institutions restent grandement méconnues des parisiens. L’idée ne serait évidemment pas d’ouvrir au prêt toutes les œuvres de l’un ou de l’autre mais de réfléchir à celles qui pourraient l’être ou pas en fonction de leur valeur, leur format, leur état de conservation… Il serait par exemple inimaginable d’emprunter l’œuvre monumentale de Richard Serra Clara Clara (11 mètres de haut, 40 tonnes), conservée par le FMAC ou des tirages uniques, fragiles, du début du XXe siècle.

Dans un premier temps, on pourrait retenir les multiples – des œuvres éditées à plusieurs exemplaires (photographies, gravures, sérigraphies…) –, puis au cas par cas les peintures et les sculptures. Depuis plusieurs années, la Parisienne de photographie propose d’ailleurs à la vente, à prix très accessibles, une sélection de tirages photographiques via le site internet Paris en images. Dans la durée, la sélection ouverte au prêt pourraient s’enrichir par le biais de l’intensification des acquisitions par le FMAC d’œuvres de jeunes créateurs (une proposition également faite par Anne Hidalgo en personne lors de sa campagne). L’entrée dans les collections et la diffusion de leurs œuvres par l’artothèque leur offrirait un soutien de poids en plus de leur donner une visibilité élargie.

Une œuvre d’art chez soi 

Les conditions de prêt, notamment sa durée et le coût de l’abonnement, restent à déterminer. Selon les villes, deux systèmes existent : une tarification par œuvre empruntée ou un forfait à l’année. En guise d’exemples : le prêt est gratuit à Limoges, l’abonnement annuel à l’artothèque de Nantes est de 60€ contre 9€ à Lyon ; à Saint-Cloud il vous en coûtera 50€ pour 10 œuvres et 80€ pour trois à Angers. La sécurité des œuvres serait garantie par le dépôt d’une caution et la présentation d’une carte d’identité et/ou d’un justificatif de domicile et/ou d’une attestation d’assurance. Le prix le plus juste devrait selon nous se situer entre le prix d’un abonnement classique dans une bibliothèque et le prix d’un laissez-passer à l’année dans un musée afin de permettre à tous les parisiens et parisiennes qui le souhaitent de pouvoir accrocher une œuvre chez eux.


Aidez-nous à mieux vous connaître grâce au questionnaire, nous avons impérativement besoin de votre opinion pour affiner la proposition. Votre avis compte ! Le projet d’artothèque porte le numéro 29, si vous croyez en lui, aidez-nous à le diffuser et soutenez-le en votant du 10 au 20 septembre sur budgetparticipatif.paris.fr. Merci !