Antique contemporain : les artistes et le Metropolitan Museum of Art

Les collections d’art grec et romain du Metropolitan Museum of Art de New-York ont inspiré de nombreux artistes contemporains. Focus sur trois d’entre eux : Daniel Arsham, Vera Lutter et Jonas Wood.

Daniel Arsham, Figure (Greek Studies), 2010, © galerie Perrotin -d'après une sculpture en marbre dite "l'Amazone blessée", I-IIe siècle, MET museum.
Daniel Arsham, Figure (Greek Studies), 2010, © galerie Perrotin -d’après une sculpture en marbre dite « l’Amazone blessée », I-IIe siècle, MET museum.

Artiste-star, suivi par plus de 200000 personnes sur instagram (voir notre sélection d’artistes à suivre), Daniel Arsham a à plusieurs reprises puisé dans le répertoire antique. On retrouvait notamment l’Amazone blessée ou la copie du Diadumène du Metropolitan Museum of Art hybridées avec des formes géométriques -sortes de prothèses quasi futuristes- dans la série des Greek Studies, de grandes gouaches mettant en scène des sculptures antiques iconiques, développée entre 2010 et 2011.

Plus récemment, l’artiste a entrepris une nouvelle série de travaux, réalisés à partir de cristaux de sélénite et de marbre, directement inspirés des sculptures antiques et de leur état fragmentaire : « il y a quelques années, je me promenais au MET et me suis arrêté en face d’une sculpture en marbre de l’époque impériale romaine. Sous la statue, il y avait un schéma montrant les zones qui avaient été refaites par les conservateurs pour compléter la figure. Ces zones, un bras manquant ou une partie de la jambe, étaient ombrées en gris. J’ai pensé que ce serait intéressant de voir l’œuvre avec ces parties encore manquantes ». Daniel Arsham crée depuis peu des œuvres en trois dimensions volontairement laissées fragmentaires, visiblement abîmées, comme si le temps avait agit sur elles. On retrouve dans cet ensemble une sculpture particulièrement intéressante pour notre étude, inspirée par le galate mourant conservé aux musées du Capitole à Rome : le modèle vêtu de manière contemporaine (chemise, jean, baskets) reprend la posture exacte de l’original.

Vera Lutter, Marble Torso of Eros (Metropolitan Museum of Art), 2012 © Vera Lutter -d'après un torse en marbre d'Eros, copie du I-IIe siècle, MET museum.
Vera Lutter, Marble Torso of Eros (Metropolitan Museum of Art), 2012 © Vera Lutter -d’après un torse en marbre d’Eros, copie du I-IIe siècle, MET museum.

À l’instar de Karen Knorr avec Muses and Majas, Mark Lewis et son court-métrage The Night Gallery ou Dominique Gonzalez-Foerster (Belle comme le jour, 2012) qui ont immortalisé les salles d’antiquités du musée du Louvre, la photographe allemande Vera Lutter à posé son matériel photographique -appareils, écran, spots lumineux- dans les galeries d’art grec et romain du Metropolitan Museum of Art. D’octobre 2012 à janvier 2013, l’artiste, déjà présente dans les collections soulignons-le, a photographié une partie des œuvres exposées, en privilégiant les sculptures anthropomorphes en marbre :  statue d’Hercule assis sur un rocher, Aphrodite accroupie, Apollon lycien, torse en marbre d’Éros, bas-relief représentant une ménade dansant…

La série alterne gros plans, donnant une vision détaillée des corps sculptés et des aspérités du marbre, et plans larges montrant les œuvres dans leur environnement général. La technique du sténopé, dérivée de la chambre obscure, employée par Vera Lutter depuis de nombreuses années, permet d’obtenir des images en noir et blanc d’une grande qualité s’apparentant presque à des négatifs : elles donnent une profondeur inédite aux objets fixés, les formes quand à elles semblent flotter dans l’espace et deviennent difficilement identifiables par celui qui les regarde.

Publié en 2011, A History of The Met : volume I réunit une quinzaine de reproductions de dessins réalisés par Jonas Wood à partir de la collection de céramiques grecques du Metropolitan Museum of Art. On y retrouve en vrac des amphores, des cratères, des vases de peintres anonymes ou d’artistes reconnus comme Exékias, Nikon ou Euphronios. Ce petit livre (24 pages) est en fait un prétexte pour évoquer la relation qu’il entretient avec le MET, exposée en quelques lignes : « mes parents nous ont emmenéw, mes sœurs et moi, au MET lorsque nous étions enfants. Longtemps, je n’y suis pas retourné. Devenu adulte, j’ai voyagé plus souvent à New-York (…). En 2007, j’ai commencé à dessiner au musée avec un simple stylo bille. »

Ces dessins, croqués sur le vif dans les salles sont ensuite agrandis et retravaillés au crayon, au pastel ou à l’encre par l’artiste dans son atelier. On retrouve dans son œuvre, disséminés ici ou , en couleur cette fois, certains de ces objets. En plus des céramiques grecques, Jonas Wood s’est intéressé aux objets africains et océaniques du musée, on espère que ces travaux feront l’objet d’un second volume de son « histoire du » (ou plutôt « histoire avec le ») MET.

Notre billet ne saurait être complet sans citer la série The Greek and Roman Collection of the Metropolitan Museum (2013) du collectif Bruce High Quality Foundation…


Aller plus loin : paricultures.tumblr.com – quand l’art grec inspire l’art contemporain