Dépourvu de surface d’exposition permanente, le musée d’art contemporain de Lyon offre peu d’occasions d’apprécier la richesse et la diversité de ses collections. Un choix d’une trentaine d’œuvres est actuellement montré sur place, en parallèle à l’exposition-événement Antidote d’Adel Abdessemed, tandis que des projets ont été récemment conduits hors les murs en milieux hospitalier et scolaire à Lyon et en périphérie.
En 2013, le musée d’art contemporain de Lyon évaluait que les 1281 œuvres de sa collection représentaient l’équivalent au sol de 40000 m² (soit environ quatorze fois la surface totale de ses espaces d’expositions). D’où l’impossibilité d’être exposées en permanence. « La taille du musée est trop modeste, il [nous] manque 5000m² » affirmait Thierry Raspail – fondateur et directeur du musée de 1984 à 2018 – il y a deux ans (L’officiel Art #17). Depuis sa création en effet, le musée à souvent mis l’accent sur la production et l’acquisition d’œuvres de grands formats ou d’expositions entières. À elles seules, plusieurs œuvres occuperaient un étage entier. C’est le cas par exemple du roller coster de Cai Guo-Qiang et ses 67 mètres de rails, du Lyon Labyrinth de 1000m² de Robert Morris ou de l’installation Stronghold de Robert Kusmirowski…
Sous le titre on ne peut plus simple, Collection, sont réunis une trentaine d’artistes sur les 350 que compte la collection. Cette nouvelle présentation fait suite au Bonheur de deviner peu à peu (2016) et Pour mémoire (2013), derniers accrochages in situ de la collection. L’exposition reflète la multiplicité des médiums présents en réserve. On y retrouve des installations, plusieurs vidéos, une œuvre sonore, différentes sculptures mais aussi de la peinture, du dessin et de la photographie. Son principal intérêt réside dans l’opportunité de découvrir les dernières œuvres acquises par le musée : un court film de Xavier Veilhan en noir et blanc tourné entre la Villa Noailles et la Villa Cavrois dessinées par Robert-Mallet Stevens (Vent moderne, 2015), un grand dessin historique de Martial Raysse (Dans la chambre, 1969) ainsi qu’une importante installation d’Arman (Concerto for Four Pianos, 1998) offerte par Corice Arman, sa veuve. En 2005, le musée préparait une exposition de sculptures monumentales qui ne put être réalisée en raison du décès de l’artiste. Collection permet de se remémorer les dernières biennales d’art contemporain et constater l’importance que revêt cette manifestation dans l’enrichissement des collections. Trois des six œuvres acquises à la suite de l’édition 2015, par Laura Lamiel, Alex Da Corte et Hicham Berrada, sont montrées. En attendant de revoir un jour peut-être l’installation Rainforest de David Tudor, présentée au musée pendant la Biennale 2017, dont l’acquisition a été rendue en partie possible par une campagne de financement participatif.
Si les occasions de découvrir des pièces de la collection entre les murs sont rares, à l’exception des œuvres installées de manières pérenne aux abords du musée, celles-ci circulent constamment à travers la région (tous les deux ans par exemple dans le cadre de la plateforme Veduta, en parallèle à la biennale d’art contemporain), la France et dans le monde entier à l’image de la toile The Back of Hollywood d’Edward Ruscha, chef-d’œuvre du musée, prêtée dans le cadre d’une vingtaine d’expositions en vingt ans (à Madrid, Salzbourg, Paris, Pékin, Moscou, Londres, Munich ou Los Angeles…).
Depuis longtemps, le musée d’art contemporain de Lyon mène des actions de sensibilisation à l’art. En plus des activités proposées aux visiteurs pendant les expositions, accessibles à tous quelque soit son âge, sa connaissance de la création contemporaine ou ses goûts (une dizaine de formules de visites sont proposées à l’occasion des expositions en cours : accompagnée d’un médiateur, d’un régisseur, en famille, en une heure, une heure trente ou deux heures, prolongée autour d’un verre…), le musée accueille toute l’année – sans que le grand public en ait forcément conscience – des groupes d’enfants, d’étudiants, des comités d’entreprise, des associations etc. Le musée développe en outre des projets de différentes nature hors les murs : en milieu scolaire, hospitalier, carcéral… Récemment, une exposition a été présentée au sein de l’hôpital Henry Gabrielle à Saint-Genis-Laval (en périphérie de Lyon) et une œuvre prêtée au lycée du Parc (Lyon 6e).
Œuvre phare du musée, parfois reproduite sur les supports officiels de communication, El Pacificador d’Alain Séchas a souvent été montrée à Lyon et prêtée à maintes reprises depuis son acquisition en 1997 (Paris, Chambéry, Bruxelles, Lille…). Du 26 au 31 mars 2018, celle-ci était présentée dans l’atrium du lycée du parc dans le cadre d’un partenariat avec le musée. L’œuvre figure un chat de presque trois mètres de haut, habillé en boxeur (vêtu d’un short, les pattes gantées et chaussées de rouge), dont les yeux s’agitent à intervalles réguliers. Le chat est un sujet récurrent dans l’œuvre de l’artiste, il a fait l’objet de nombreuses variations. Objet de toutes les attentions, le chat a été prétexte à une mini-exposition dans la cour de l’école et plusieurs visites (ouvertes au grand public le temps d’un week-end) menées par les élèves. Une expérience marquante, à les écouter, tout comme a pu l’être l’exposition Peintures buissonnières (organisée du 5 au 8 février) qui permettaient aux patients et personnel soignant en priorité, et visiteurs, accompagné d’un médiateur, de découvrir dans un volume, proche d’un white cube, monté dans le réfectoire de l’hôpital Henry Gabrielle, une sélection de neuf œuvres du musée pour certaines acquises dans les années 1990 et peu montrées depuis. A travers ses différentes actions de médiation, le musée d’art contemporain de Lyon promeut l’accessibilité et facilite la rencontre avec la création contemporaine.
Exposition Collection, du 9 mars au 8 juillet 2018 au musée d’art contemporain de Lyon, Cité internationale, 81 quai Charles de Gaulle, Lyon 6e – entrée : 8€/4€/0.
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