Collections : focus sur le musée Paul Dini

À quelques kilomètres de Lyon (comptez 25 minutes en train depuis la gare de la Part-Dieu), le musée Paul Dini de Villefranche-sur-Saône offre un panorama de l’histoire de l’art locale du milieu du XIXe siècle à aujourd’hui.

Héritées du musée municipal fondé en 1863, les collections ont été considérablement enrichies par des donations successives réalisées depuis vingt ans (en particulier par le couple Muguette et Paul Dini, qui à eux seuls ont offert près de 700 œuvres). Leur générosité a permis la renaissance du musée, qui avait été peu à peu délaissé après la Seconde Guerre mondiale, au tout début des années 2000. Le développement des collections s’est assorti du réaménagement du bâtiment principal, ce qui a permis le doublement de sa surface et l’amélioration significative de la muséographie ; en 2005, le musée s’est vu doter d’un nouvel espace dédié à la présentation d’expositions. Le musée Paul Dini se déploie aujourd’hui sur 3000 m² et deux sites voisins : le bâtiment Grenette, une ancienne halle aux grains, abrite billetterie, librairie et collections permanentes tandis que l’espace Cornil, aménagé dans une vieille usine de confection textile, accueille les expositions temporaires.

Le bâtiment principal

Aménagé dans une ancienne halle aux grains, le bâtiment Grenette abrite les collections permanentes

Construites autour d’un noyau d’artistes -peintres presque exclusivement- étant nés ou ayant vécu dans la région lyonnaise (c’est à dire à Lyon, en banlieue, dans le Beaujolais ou plus largement en Rhône-Alpes), les collections couvrent 150 ans d’histoire de l’art, du milieu du XIXe siècle à aujourd’hui. Le parcours semi-permanent, organisé en une succession d’ensembles tantôt thématiques tantôt monographiques, illustre à la fois les différentes tendances artistiques s’étant développées en France aux XIXe et XXe siècles (peinture en plein-air, post-impressionnisme, symbolisme, surréalisme, abstraction géométrique…) et divers mouvements locaux, plus confidentiels, comme Zinvar ou le sanzisme.

La qualité -très- hétérogène de la collection ne saurait faire oublier certains chefs-d’œuvre comme Flânerie sous les pins de Jean Puy, le triptyque Le Fer et le feu. Les Hauts-fourneaux de Chasse de Pierre Combet-Descombes ou les compositions géométriques d’Albert Gleizes. La cohérence et la richesse des ensembles exposés, plusieurs œuvres étant présentées pour la majorité des artistes, permet non seulement d’interpréter différemment l’histoire de l’art générale mais également de découvrir la singularité et les spécificités de la scène lyonnaise (parmi lesquelles l’importance au XIXe siècle de la « peinture de fleurs » en lien avec l’industrie soyeuse, ou le renouveau de la peinture abstraite à la fin des années 1940). La mise à disposition dans les salles de notices d’artistes/d’œuvres et de catalogues des expositions passées facilitent en outre la compréhension de l’accrochage. Une visite au musée Paul Dini s’impose en complément du musée des Beaux-Arts de Lyon.

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Jean Puy, Flânerie sous les pins, 1905, ancienne collection Ambroise Vollard, l’un des chefs-d’oeuvre du musée

Outre la présentation et la diffusion de ses collections (dernièrement par exemple dans le cadre de l’accrochage Regards sur la scène artistique lyonnaise), le musée Paul Dini développe depuis sa renaissance il y a quinze ans un programme ambitieux d’expositions, toujours en lien direct avec ses propres fonds : le post-impressionnisme en Rhône-Alpes, Lyon et l’art moderne, rétrospective d’Emilie Charmy… Chaque été, l’espace Cornil s’ouvre par ailleurs à l’art contemporain autour d’une thématique choisie (le musée dispose d’une généreuse collection comptant entre autres artistes Marc Desgrandchamps, Djamel Tatah ou Max Schoendorff… et abrite en son sein l’artothèque municipale) : « abstractions » en 2016, une exposition placée sous le signe de la lune et l’astre en 2017. Loin d’être uniquement tourné vers le passé, le musée Paul Dini s’inscrit dans le présent -et le futur- en participant à la reconnaissance d’artistes contemporains nés ou travaillant dans la région.


Musée Paul Dini, 2 place Faubert, Villefranche-sur-Saône – 5€/3€/0€.