Martin Luther King avait un rêve

La bibliothèque municipale de Lyon rend hommage à Martin Luther King, figure de proue du mouvement des droits civiques aux États-Unis, assassiné le 4 avril 1968  – il y a tout juste cinquante ans – et, à travers lui, au combat des noirs-américains pour leur émancipation et la reconnaissance de leurs droits. À découvrir jusqu’au 28 avril. 

Des débuts de l’esclavage au XVIIe siècle à l’élection en 2009 de Barack Obama, premier président noir des États-Unis, l’exposition survole quatre siècles d’histoire américaine. Cinquante ans après la mort de Martin Luther King, l’exposition invite à mesurer la portée de ses idées. Au regard notamment des récentes déclarations de Donald Trump, des violences policières ou des manifestations de la mouvance suprémaciste, les luttes pour les droits civiques sont toujours d’actualité. Orchestrée par Michel Chomarat, commissaire auparavant des rétrospectives consacrées à Jean Genet (2011) et Pier Paolo Pasolini (2016), l’exposition s’appuie sur un ensemble de documents rares et évocateurs, issus en partie de la collection du père Christian Delorme : objets relatifs à l’esclavage, photographies montrant Martin Luther King, articles de presse…

Moins centrée dans une première partie sur Martin Luther King que sur le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, l’exposition dresse le portrait de ceux qui se sont battus pour abolir l’esclavage et la ségrégation raciale et obtenir une véritable égalité de droits pour les noirs-américains. Parmi eux : Harriet Tubman (1820-1913), chef d’un réseau d’évasion, Rosa Parks (1913-2005), devenue célèbre pour avoir refusé de céder sa place à un passager blanc ou l’écrivain James Baldwin (1924-1987), soutien actif du mouvement des droits civiques – pour n’en citer que trois –.  À la suite de nombreux rassemblements populaires, telle la marche sur Washington pour l’emploi et la liberté organisée le 28 août 1963 où Martin Luther King prononça son discours historique « I have a dream », furent promulgués en 1964 et 1965 le Civil Rights Act déclarant illégales les discriminations fondées sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou les origines nationales et le Voting Rights Act garantissant le droit de vote effectif des noirs-américains sur tout le territoire…

Souvenir de la venue de Martin Luther King à Lyon en mars 1966, bibliothèque municipale de Lyon

Né en 1929, ordonné pasteur à l’âge de 24 ans, Martin Luther King œuvra à la reconnaissance des droits des noirs-américains et s’engagea plus largement pour la paix et contre la pauvreté. En 1964, le prix Nobel de la Paix lui fut décerné. Après avoir échappé à un attentat en 1956, survécu à une tentative d’assassinat en 1958, Martin Luther King est tué le 4 avril 1968.

Au-delà de l’hommage à sa vie et ses idées, l’exposition aborde sa venue à Lyon en mars 1966. Plusieurs lieux dans la ville rappellent du reste sa mémoire. Malgré l’inauguration en 2009 d’un espace à son nom au parc de la Tête-d’Or, l’existence d’un lycée éponyme et l’installation d’un buste à son effigie devant la Bourse du Travail (image à la une), aucune rue/avenue/boulevard lyonnais ne porte le nom de Martin Luther King – contrairement à Saint-Étienne, Nice ou Nantes…–. Clin d’œil ou provocation, une plaque de rue a été installée aux murs de la bibliothèque de la Part-Dieu pour dénoncer cette absence et qui-sait pourra-t-elle, l’exposition terminée, rejoindre un emplacement dans la ville… Le rêve est permis.


Exposition Martin Luther King, le rêve brisé ?, commissaire : Michel Chomarat, du 6 février au 16 mai 2018 à la Bibliothèque municipale de Lyon, 30 boulevard Vivier-Merle, Lyon 3e – entrée libre. Un riche programme d’activités accompagne l’exposition, programme complet à découvrir  : visites, rencontres, table-ronde, spectacle, projection…