Georges Adilon : paint it black

Dans le cadre de l’accrochage 10 ans d’acquisitions-10 ans de passions, le musée des beaux-arts de Lyon consacre deux expositions à Geneviève Asse et Georges Adilon : deux artistes qui ont comme points communs d’appartenir à une même génération (elle est née en 1923, lui en 1928), d’avoir fait d’une couleur l’emblème de leur œuvre (le bleu pour l’un, le noir pour l’autre) et d’avoir vu certaines de leurs œuvres rejoindre les collections du musée au cours des dix dernières années.

Cinq ans après l’hommage rendu à Georges Adilon, décédé en 2009,  conjointement par le musée d’art contemporain de Lyon, le CAUE du Rhône, la galerie des projets et la BF15, l’occasion nous est donnée de (re)découvrir à Lyon l’étendue de l’œuvre picturale de Georges Adilon. La présente exposition s’appuie sur deux donations récentes -consenties par les héritiers des galeristes et collectionneurs François et Ninon Robelin, et par Jacqueline, Marie Blaise et Emmélie Adilon, l’épouse et les enfants de l’artiste- enrichies de quelques prêts du musée d’art contemporain de Lyon.

Georges Adilon, Sans titre, 12-06-68, 1968, laque glycérophtalique noire sur papier, musée des Beaux-Arts de Lyon (donation Jacqueline Adilon et ses enfants Marie, Blaise, Emmélie, 2014) © Lyon MBA - photo : Blaise Adilon. Courtoisie du musée.
Georges Adilon, Sans titre, 12-06-68, 1968, laque glycérophtalique noire sur papier, musée des Beaux-Arts de Lyon (donation Jacqueline Adilon et ses enfants Marie, Blaise, Emmélie, 2014) © Lyon MBA – photo : Blaise Adilon. Courtoisie du musée.

L’exposition, à caractère rétrospectif, présente une sélection de peintures et œuvres sur papier, couvrant plus de 60 ans de carrière. Elle s’articule en trois sections correspondant aux différents « styles » de l’artiste : les paysages et natures mortes des années 1950-60 présentant de grands empâtements et une palette restreinte de gris, de verts et de bleus, les œuvres graphiques abstraites des années 1960-70 (au cours de ces années, Georges Adilon abandonne la peinture à l’huile et la toile sur châssis afin d’expérimenter de nouvelles techniques et de nouveaux supports), et les travaux les plus récents répondant à un protocole : à partir de 1980, Georges Adilon nomme ses œuvres uniquement d’après leur date de réalisation (sur le modèle jour-mois-année) et peint presque exclusivement sur du papier blanc de format 92x130cm (unité de base pouvant être divisée ou multipliée en fonction des découpes ou des juxtapositions) avec de la laque glycérophtalique noire. La singularité de l’art de Georges Adilon, dans l’histoire de l’art du XXe siècle, réside dans la combinaison d’une gestuelle dite « lyrique » avec le choix de contraintes formelles délibérées.

Au-delà du passage à l’abstraction que tend à montrer l’exposition, c’est surtout la liberté de l’artiste comme peintre qui ressort, liberté qui s’exprime non seulement par la gestuelle, l’abandon des techniques traditionnelles (au profit de laque glycérophtalique, encres, cirage, bombe aérosol sur papier, drippings, frottis, collages, lithographies, pliages…), mais aussi par le choix des formats : de la page jusqu’à l’infiniment grand (avec la réalisation en 1984 d’une peinture de 16,52×52 mètres, soit 720 feuilles de format 92x130cm, partiellement exposée au musée des beaux-arts).

De sa pratique d’architecte (on lui doit notamment la réalisation de l’externat Sainte-Marie à Lyon), Georges Adilon semble avoir retenu la relation dans ou avec l’espace (certaines de ses œuvres sur papier semblent ainsi littéralement se fondre au blanc du mur), mais tandis que cette activité lui imposait un lot de contraintes dictées par le commanditaire, celle du peintre en était affranchie, lui laissant ainsi une liberté totale de création à laquelle le musée des beaux-arts rend aujourd’hui hommage.


Exposition Georges Adilon, du 29 mai au 24 août 2015, musée des Beaux-Arts de Lyon, place des Terreaux. Entrée : 7€/4€/0€.