Sculpteur de génie, Auguste Rodin (1840-1917) est largement représenté dans les collections d’art parisiennes, un musée lui est même consacré, mais saviez-vous que certaines des ses œuvres étaient visibles dans l’espace public ?
Au total, pas moins de dix-huit sculptures d’Auguste Rodin sont à découvrir dans Paris. Vous retrouverez dans cet article, ébauché initialement pour exponaute, une partie thématique divisée en quatre sections : les débuts de Rodin, la Porte de l’Enfer, Rodin et les écrivains, œuvres funéraires, ainsi qu’une carte illustrée en bas de page pour mieux vous repérer.
Les débuts
La ville de Paris conserve un témoin phare de l’art de Rodin avant qu’il ne soit célèbre : la façade du théâtre des Gobelins. Auguste Rodin réalisa les deux figures centrales, représentations du drame et de la comédie, visibles sur la partie haute de la façade alors qu’il était encore étudiant aux Beaux-Arts et aux Gobelins. Du théâtre seul subsiste aujourd’hui la façade blanche, classée monument historique, le reste ayant été détruit pour accueillir la fondation Jérôme Seydoux-Pathé.
L’Âge d’airain constitue la première œuvre importante d’Auguste Rodin. Elle représente grandeur nature un homme debout, nu, dépouillé de tout attribut permettant de l’identifier (une lance dans la main gauche permettait initialement de l’identifier comme un soldat). Réalisée en 1877 dans une première version en plâtre, l’œuvre fut exposée la même année au Salon à Paris où elle fit scandale : le sculpteur fut accusé d’avoir moulé sa figure directement sur le modèle. Deux tirages de la sculpture sont installés à Paris : l’un sur la place Rodin (Paris XVIe), l’autre dans la cour du lycée Rodin (Paris XIIIe).
Le scandale de L’Âge d’airain attira l’attention sur Auguste Rodin et lui permis de recevoir plusieurs commandes publiques importantes dont celle des Bourgeois de Calais. À Paris, le sculpteur participa au chantier de reconstruction de l’hôtel de ville, incendié par la Commune en 1871 : il réalisa l’une des statues des hommes illustres de la capitale destinées à orner la façade, celle du mathématicien et philosophe français Jean Le Rond d’Alembert. La sculpture est visible à l’extrémité nord du bâtiment, au premier étage. D’autres projets restèrent inachevés ou ne virent jamais le jour…
La Porte de l’Enfer
En 1880 l’Etat français commanda à Auguste Rodin la réalisation d’une porte pour le futur musée des Arts décoratifs : ce projet deviendra la Porte de l’Enfer. L’œuvre monumentale, inspirée par la Divine Comédie de Dante, tient une place particulière dans l’œuvre de l’artiste puisqu’elle l’occupa jusqu’à la fin de sa vie. Rodin créa plus de deux cents figures et groupes destinés à orner l’ouvrage. La Porte lui offre jusqu’à la fin de sa vie une source inépuisable de sujets. Le Baiser (jardin des Tuileries, Paris Ier), inspiré par l’histoire de Paolo et Francesca, en faisait initialement partie avant d’être écarté. Dans la version finale, coulée en 1917 – année de la mort de Rodin – Le Penseur, L’Ombre ou Eve occupent une place de choix. Un tirage du premier est visible au cœur de la station de métro Varenne, tandis que les deux autres figures sont exposées de manière permanente au Jardin des Tuileries, sur la terrasse du musée de l’Orangerie.
Rodin et les écrivains
En 1889 le sculpteur reçu la commande d’un monument à Victor Hugo destiné à être placé au Panthéon. Rodin représente l’écrivain pensif sur un terrain rocheux, entouré de trois muses, la tête appuyé sur la main droite, le bras gauche tendu devant lui. Un autre projet fut préféré mais le jury donna néanmoins à Rodin la possibilité de réaliser l’œuvre. Un tirage en bronze est aujourd’hui présenté à l’angle de l’avenue Henri-Martin et de l’avenue Victor Hugo dans le XVIe arrondissement, tandis qu’un buste de l’auteur est visible dans le square des poètes à Auteuil (Paris XVIe). Rodin isola l’une des muses, visible à l’arrière du monument, qui devint la Méditation ou La Voix Intérieure (un exemplaire est visible au jardin des Tuileries).
Deux ans après celui d’Hugo, un monument à Honoré de Balzac fut demandé à Rodin. Le sculpteur choisit dans un premier temps de traiter le vêtement et la tête séparément, avant de les assembler. Le projet fit scandale, déchaînant les passions entre partisans et opposants. Deux tirages sont aujourd’hui visibles dans Paris : l’un à l’angle du boulevard Vavin et du boulevard Montparnasse (Paris XIVe), l’autre dans la station de métro Varenne (plus un dans le jardin du musée Rodin). Pour être complet, il faut signaler : le médaillon figurant Stendhal sculpté d’après un dessin de David d’Angers au jardin du Luxembourg (Paris VIe) et le buste du monument à Henri Becque situé place Prosper-Goubaux (Paris XVIIe).
Œuvres funéraires
Les cimetières réservent souvent de belles surprises aux amateurs d’art et de sculptures en particulier, c’est aussi le cas en ce qui concerne Auguste Rodin. Le sculpteur réalisa le médaillon de Jehan de Bouteiller (1840-1885), journaliste et homme politique, au cimetière de Passy (Paris XVIe). Sur le même modèle d’un profil d’homme saisi de trois-quarts, l’artiste exécuta un médaillon à la mémoire du musicien César Franck (1822-1890) pour sa tombe au cimetière de Montparnasse (Paris XIVe) : l’original en bronze volé puis restitué a été mis en lieu sûr et remplacé par une réplique. Enfin au cimetière de Montmartre, dans le XVIIIe arrondissement, Rodin a réalisé le buste du critique d’art et journaliste Jules Antoine Castagnary (1830-1888).
Un tel parcours peut être fait en complément d’une visite au musée d’Orsay qui conserve un ensemble significatif d’œuvres de Rodin ou du musée Rodin. Partagé entre deux sites, l’un à Meudon (la villa des Brillants), l’autre à Paris, le musée conserve une collection riche de plusieurs milliers d’œuvres du sculpteur mais aussi de pièces collectionnées par l’artiste au cours de sa vie. L’établissement occupe à Paris un bel hôtel du XVIIIe siècle entouré d’un jardin très agréable par beau temps où sont disséminés quelques uns de ses chefs-d’œuvre (Le Penseur, Les Bourgeois de Calais, La Porte de l’Enfer).
Retrouvez toutes les œuvres d’Auguste Rodin à Paris sur la carte ci-dessous :