Une exposition au conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) Rhône Métropole, une conférence à l’école nationale supérieure des beaux-arts, une rencontre publique à l’école nationale supérieure d’architecture et des installations éphémères dans la ville. Cet hiver, Hans-Walter Müller est à l’honneur à Lyon.
Né à Worms en Allemagne en 1935, diplômé de l’école polytechnique de Darmstadt, passé par l’école des beaux-arts de Paris, Hans-Walter Müller se fait connaître au milieu des années 1960 avec des installations cinétiques et diverses expérimentations visuelles et sonores. En 1967, il participe à l’exposition Lumière et Mouvement au musée d’art moderne de la ville de Paris. Il y présente une « cabine de relaxation gonflable » à effet thérapeutique censé apaiser celui qui la pénètre, celle-ci est amenée selon ses vœux à intégrer chaque appartement et proliférer dans toutes les villes. Ce projet annonce ceux à venir. Architecture, ingénierie, art (sculptures, installations, performances, scénographies)… L’exposition aborde les différentes facettes du travail d’Hans-Walter Müller, reconnu comme l’un des pionniers de l’architecture gonflable.
Depuis soixante ans, Hans-Walter Müller utilise en effet l’air comme principe élémentaire de construction. Ses structures en plastique sont mises en tension par l’air sous pression. Défiant les lois de la gravité, elles sont lestées ou sanglées au sol pour ne pas s’envoler. Éphémères ou temporaires par nature, bon marché, légères, mobiles, faciles à transporter, installer et démonter, elles présentent de nombreux avantages qui leur permettent de répondre à d’innombrables usages : salles de spectacles itinérantes, espaces d’expositions temporaires (pour le FRAC Île-de-France ou le pavillon de l’Arsenal entre autres), stands promotionnels, décors de théâtre, terrains sportifs, habitats d’urgence et même une église en 1969 à Montigny-lès-Cormeilles dans le Val-d’Oise – la structure pesait moins de 40 kilos et se montait en 10 minutes –…
Ces dispositifs révèlent souvent des préoccupations sociales. En 1975 à Paris, Hans-Walter Müller distribue aux sans-abris des volumes gonflables qui se fixent sur les bouches d’aération du chauffage urbain ; en 2016, il conçoit porte de la Chapelle à Paris une structure de 13 mètres de haut servant de centre humanitaire d’accueil pour migrants… Persuadé depuis son plus jeune âge que l’architecture et l’art peuvent changer le monde, Hans-Walter Müller s’emploie à rendre le monde meilleur et plus beau : ses structures intègrent souvent des couleurs et des motifs (points rouges, bandes grises et jaunes pour le centre d’accueil de la porte de la Chapelle), à la limite parfois du psychédélique. Certaines s’apparentes à des bulles ou à des cocons et laissent voir, à travers leur enveloppe transparente, l’environnement alentour. La structure gonflable, pénétrable, installée dans le jardin du CAUE ressemble elle à un tipi, souligné de jaune fluorescent. On imagine facilement la magie que peut représenter le gonflement d’une structure et la vision d’un volume émergeant d’une simple toile à plat. Hans-Walter Müller vit et travaille depuis 1971 à La Ferté-Alais (Essonne) dans l’une de ses structures et éprouve au quotidien son concept d’architecture-sculpture gonflable. Née dans les années 1960, l’idée s’est depuis considérablement développée, faisant des émules aujourd’hui jusque dans l’art contemporain, qu’on pense au Leviathan d’Anish Kapoor dans la nef du Grand Palais ou à la « caverne » de Philippe Quesne, présentée dans le cadre de la dernière biennale d’art contemporain de Lyon.
Exposition Hans-Walter Müller, La vie à l’œuvre, du 9 janvier au 31 mars 2018, CAUE Rhône Métropole, 6bis quai Saint-Vincent, Lyon 1er – entrée libre. Rencontre publique à l’ENSAL, le jeudi 8 mars (inscription auprès du CAUE)
Image à la une : installation aux Baux-de-Provence, crédit : Marie-France Vesperini. Courtoisie du CAUE Rhône-Métropole